Hier après-midi, dans le centre-ville de Barcelone, puis à Cambrils, deux attentats ont fait au moins quatorze morts et une centaine de blessés. Des actes revendiqués par Daesh dans la soirée qui a suivi ces drames. C’est la première fois que l’Espagne est touchée par l’organisation terroriste, alors que la France, l’Allemagne ou encore l’Angleterre avaient déjà été ciblées. Ce qui étonne les spécialistes : en effet, le pays ibérique fait certes partie de la coalition internationale qui combat Daesh en Syrie et en Irak, mais il n’y joue qu’un petit rôle — l’Espagne a envoyé trois-cents instructeurs militaires en Irak depuis octobre 2014. Officiellement en tout cas, l’organisation terroriste assure qu’elle a visé Barcelone et Cambrils pour cette raison. Cependant, c’est à l’intérieur du pays qu’il faut regarder pour comprendre pourquoi Daesh s’en est pris à l’Espagne. Le pays est en proie à une recrudescence de personnes radicalisées. Depuis maintenant près de quinze ans, les services antiterroristes locaux mènent une lutte sans relâche contre les réseaux de Daesh. Plus particulièrement depuis 2015 assure Cédric Mas, qui fait partie d’Action résilience, un think-thank spécialisé dans le terrorisme. D’ailleurs, ils sont plus de deux-cents combattants espagnoles à avoir garni les rangs de Daesh en Syrie et en Irak. Et Barcelone abrite de nombreux radicalisés. Pour Daesh, c’est également un message fort qui est envoyé au monde : malgré son affaiblissement, le groupe terroriste veut montrer qu’il a encore bel et bien des ressources. Cette double attaque en Espagne a une forte valeur symbolique : Daesh rêve de voir se reformer le califat des Omeyyades dont faisait partie l’Espagne, conquise au début du VIIIe siècle. Mais au-delà de ces deux raisons, Daesh veut simplement montrer qu’il peut frapper partout et à n’importe quel moment en faisant le plus de victimes possibles. Et ça fonctionne : l’organisation a marqué les esprits. Reste maintenant à espérer que les Espagnols restent soudés. Ils ont déjà été touchés en mars 2004 par un attentat perpétré par al-Qaïda. A l’époque, on avait dénombré près de 200 morts et deux-mille blessés.
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