Emma et trois de ses camarades du lycée Saint-Exupéry de Lyon ont obtenu leur baccalauréat avec la mention « Très bien ». Ils ont par la suite décidé de publier une lettre ouverte au président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), pour expliquer leur « opposition » à cette bourse. Ces lycéens expliquent que leur décision a été prise dès le début de l’année. « Nous n’étions évidemment pas certains de nos résultats à ce moment-là, mais c’est un objectif qu’on a aimé poursuivre tout au long de l’année », confie la lauréate. Pour eux, une mention, c’est quelque chose de « symbolique », mais redistribuer cette somme à des associations qui en ont besoin, « ça confère tout de suite du sens à cette distinction », raconte Emma. Par ce refus, ils veulent dénoncer l’injustice de cette bourse car elle s’adresse « à tout le monde sans condition de revenus » et rappelle que les élèves qui en bénéficient sont « majoritairement issus de milieux sociaux aisés. Des gens qui n’ont pas fondamentalement besoin de ces 500 euros, contrairement à d’autres élèves, pas moins méritants. »
Ils redistribueront leurs bourses à des MJC
Malgré leur jeune âge, ils n’hésitent pas à remettre en question la définition du mérite retenue par la région, « un élève qui aurait travaillé toute l’année pour surmonter des difficultés, qui aurait progressé grâce à des efforts constants et obtenu son bac sans mention, est-il moins méritant que quelqu’un qui a eu une mention TB ? » Emma n’en est pas convaincue. Ils ne sont que quatre pour le moment mais espèrent rassembler d’autres bacheliers ayant obtenu la mention suprême. Pour ce qui est de l’argent, il sera redistribué au Réseau Rhône-Ain-Saône des Maisons de la jeunesse et de la culture (MJC) car ils estiment que ces « ces structures pour et par les habitants agissent localement pour un meilleur accès à l’éducation et à la culture, pour l’expression de la citoyenneté, dans une optique de renforcement du lien social et de la solidarité par la rencontre et l’insertion sociale. »
Il est vrai que depuis l’élection de Wauquiez, le milieu associatif de la région a vu ses subventions diminuer : 580 postes auraient été supprimés au sein des associations, sans compter les contrats non reconduits en raison de la baisse des aides régionales. De nombreux secteurs ont été touchés par cette politique régionale : éducation populaire, santé, insertion, culture, éducation à l’environnement, solidarité locale, droits des femmes… De nombreuses associations de la région se sont réunies au sein du collectif Vent d’Assos et luttent pour leur survie. Ces jeunes bacheliers ne comprennent pas qu’environ 3 millions d’euros de la Région Auvergne-Rhône-Alpes soient attribués à ces bourses et que, parallèlement, la région se désengage massivement de ce secteur clé.