Le mois dernier, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi a baissé de 60 000 personnes. Cette spectaculaire baisse est-elle vraiment réelle ?
Selon Pôle Emploi, le nombre d’inscrits dans la catégorie A – sans aucune activité – a enregistré une baisse de 60 000 personnes au mois de mars. Le nombre total de demandeurs d’emploi est donc, aujourd’hui, de 3,53 millions d’inscrits dans la métropole, ce qui représente une baisse de 1,7 % par rapport au mois de février. Il s’agit d’une première en France depuis… l’année 2006. Cependant, le chômage a augmenté de 0,5 % par rapport à 2015. Et si le ministère du Travail voit, dans ces statistiques, une inversion de la courbe du chômage, certains s’interrogent sur la réalité de cette baisse spectaculaire.
Depuis le début de l’année, on observe un effet de yoyo au niveau des inscriptions à Pôle Emploi : alors qu’en mars, les inscrits ont diminué, ils ont été plus nombreux (+38 400) le mois précédent. De plus, si la baisse a été enregistrée au niveau de la catégorie A, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories B et C – les chômeurs ayant exercé une activité réduite – a, lui, augmenté. Au total, le taux de chômage toutes catégories confondues n’a baissé que de 0,2 % en mars.
Des radiations administratives stables
De plus, les radiations ont légèrement influé sur ces chiffres… Il y a « un impact par exemple du nombre de radiations et de stages », dénonce Luc Chatel, des Républicains. Sauf que les chiffres des radiations administratives et des stages ont été, ces derniers mois, plutôt stables, indique France Info. S’il y a un loup, c’est plutôt du côté des « défauts d’actualisation » qu’il faut se pencher : ceux-ci représentent la première raison des retraits des listes de Pôle emploi – 45 % des sorties au mois de mars – mais ne sont pas du ressort de Pôle Emploi. Ce sont plutôt des « oublis » des demandeurs d’emploi eux-mêmes, précise France Info.
Du côté du gouvernement, la baisse du chômage est la conséquence du Pacte de responsabilité et de solidarité, mais aussi du CICE, qui ont contribué à la reprise de la création d’emplois en 2015. Pour, Myriam El Khomri, ministre du Travail, la baisse du chômage profite de « l’aide ‘Embauche PME’ » qui a contribué au rebond de l’embauche : depuis le mois de janvier, 225 000 aides auraient été demandées par les petites entreprises pour consolider leur effort en recrutement. En réalité, si la baisse de chômage est significative en mars, c’est plutôt sur l’année entière qu’il faudra faire un bilan. Rendez-vous, donc, en 2017 pour voir si la courbe du chômage a réellement réussi à s’inverser.