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Le Beitar éternellement confronté au racisme de ses supporters et dirigeants

C’était lors de la saison 2013-2014. Deux joueurs musulmans avaient intégré l’équipe du Beitar Jerusalem. Tous deux originaires de Tchétchénie. Lorsque Gabriel Kadiev avait fait, pour la première fois, son entrée sur la pelouse du Teddy Stadium, il avait été copieusement sifflé et insulté par les supporters. Il faut dire que, jusqu’alors, le Beitar ne comptait dans ses rangs que des joueurs juifs. Le noyau dur des ultras du club — la Familia — avait d’ailleurs, bien avant l’arrivée de musulmans dans son effectif, régulièrement disposé dans les tribunes une banderole indiquant : « Beitar, pur pour toujours. » Un peu plus tard, un incendie d’origine criminelle avait visé les locaux du club de Jérusalem suite au premier but d’un des joueurs tchétchènes. Des affaires de racisme que l’entourage du club avait déploré. Même l’ancien Premier ministre Ehoud Olmert, fan du club depuis sa plus tendre enfance, avait arrêté de se rendre au stade. « Soit on bannit ce groupe raciste de nos terrains, soit on est tous comme eux », avait-il dit.

Les supporters du Beitar brulent des corans et arrachent ses pages

Il aura fallu plusieurs années aux forces de l’ordre pour affaiblir la Familia. En août 2016, les ultras du Beitar, habitués à entonner des chants islamophobes, avaient vu dix-neuf des leurs être arrêtés pour « tentative de meurtre » et « délits racistes », indiquait à l’époque So Foot. Dans les maisons de ces supporters racistes avaient été retrouvées des armes et des grenades. Un fan de Bnei Sakhnin, l’ennemi juré du Beitar, s’était alors livré au magazine français sur les méthodes utilisées par le kop pour déstabiliser les musulmans : « Il leur arrive de brûler des corans ou d’arracher des pages, ou de chanter que notre dieu Mohammed fait le café aux juifs… » Devant les actes racistes des ultras, le club aurait pu taper du poing sur la table. Mais il a préféré céder, transférant ses deux joueurs tchétchène et renvoyant le président qui les avait faits venir. L’ancien club de Luis Fernandez ne tentait d’ailleurs pas, avant l’an dernier, de faire bonne figure. Ses supporters entonnant « Voilà elle arrive, l’équipe la plus raciste d’Israël », écrit So Foot.

« La Familia ressemble à un rassemblement d’anciens de la LDJ »

Mais qui sont donc ces membres radicaux du kop du Beitar ? C’est certainement là que l’information surprend : un supporter du club cité par le mensuel français indique que les membres les plus extrémistes de la Familia « sont en grande majorité des Français qui ont fait partie de la Ligue de défense juive (LDJ). » Selon le fan du club de Jérusalem, « aujourd’hui, la Familia ressemble plus à un rassemblement d’anciens de la LDJ qu’à un groupe de supporters de foot. » En bref, ce seraient donc principalement des Français qui seraient venus au stade pour exprimer leur haine anti-Arabes. Alors, la direction du club tente, petit à petit, de se débarrasser de ces éléments racistes. Bien que le club soit loin d’avoir réussi sa mission, il a reçu en août dernier un prix pour sa lutte contre le racisme. Le président israélien Reuven Rivlin a exhorté le club de Jérusalem à continuer « sur ce chemin. »

Le seul club israélien à n’avoir jamais eu dans son effectif de joueur arabo-musulman

Mais le nettoyage qui a commencé dans les tribunes doit aussi se faire en interne. Et changer les mentalités des dirigeants n’est pas chose aisée, même si l’oligarque franco-israélien d’origine russe, Arcady Gaydamak, s’y emploie. C’est lui qui, après avoir racheté le club, avait faire incité le président de l’époque à faire venir les deux joueurs musulmans. Depuis, il tente de faire table rase du passé. Mais les vieux démons ressurgissent parfois, comme tout récemment. Elie Cohen est arrivé il y a dix jours au sein du club, en tant que conseiller de l’entraîneur. Lors d’une interview, il déclare qu’il ne fera jamais venir un joueur musulman dans l’équipe. Il provoque un tollé et, refusant de s’excuser, il est aujourd’hui renvoyé par le club. Un signe positif dans la lutte antiraciste du Beitar, qui demeure cependant le seul club de la ligue israélienne de football à n’avoir jamais eu dans son effectif de joueur arabo-musulman.

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