Ils ne sont plus que quelques pays dans le monde à utiliser des mines terrestres antipersonnel : la Corée du Nord et la Syrie notamment, mais également la Birmanie. Et ce, bien que le droit international interdise l’utilisation de ces engins explosifs. La Birmanie, comme une trentaine d’autres Etats dont la Chine et la Russie, n’a d’ailleurs jamais ratifié la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel de 1997. En cette période de déplacements massifs des Rohingya, la présence de ces mines antipersonnel représente un véritable danger pour les populations civiles.
Au moins deux enfants grièvement blessés
Selon Amnesty International, qui a recueilli de nombreux témoignages, ces engins auraient « grièvement blessé au moins trois civils, dont deux enfants, et auraient tué un homme » la semaine dernière. Présente le long de la frontière entre le Bangladesh et la Birmanie, Tirana Hassan, directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International, indique que « l’usage que fait l’armée du Myanmar d’armes meurtrières et non discriminantes par nature, sur des passages très fréquentés le long de la frontière, met la vie de simples citoyens en grand danger. » L’ONG appelle donc les autorités du Myanmar à mettre « immédiatement » un terme à « cette pratique abjecte qui touche des personnes fuyant des persécutions. »
Les Etats-Unis, la Russie et Israël, fournisseurs d’armes à la Birmanie
Pour étayer ses propos, Amnesty International cite plusieurs cas de civils blessés par des mines antipersonnel. Comme une quinquagénaire qui, le 3 septembre dernier, a marché sur un engin explosif en voulant retourner du Bangladesh à la Birmanie pour aller chercher de l’eau. L’ONG indique que « sa jambe, à partir du genou, a été emportée par l’explosion. » Des enfants ont également été victimes de ces mines : l’un de 10 ans, l’autre de 13 ans. Les deux garçons ont marché sur une mine, tout comme un homme qui, lui, a succombé à l’explosion. Amnesty accuse le gouvernement birman mais également les pays qui fournissent des armes à la junte militaire. « Les gouvernements autour du monde qui continuent de former l’armée du Myanmar ou lui de vendre des armes appuient une force qui mène une violente campagne contre les Rohingya, susceptible de constituer des crimes contre l’humanité », rappelle Tirana Hassan, qui demande aux Etats-Unis de « changer de cap sans attendre. » Amnesty pointe également du doigt la Russie et Israël, qui fournissent des armes à l’armée du Myanmar.