A l’unanimité, les membres de la commission « Environnement » du Parlement wallon, en Belgique, ont voté début mai en faveur d’une interdiction totale de l’abattage rituel. Une disposition qui, sous réserve d’être entérinée par l’organe législatif régional en session plénière d’ici la fin du mois, prendra effet au 1er septembre 2019. Les députés belges font ainsi fi des exigences relatives à la consommation de viande dans les communautés musulmane et juive. En effet, qu’il s’agisse de la « dhabiha » musulmane ou de la « shechita » juive, le sacrifice rituel suppose que la bête soit égorgée d’un coup vif par une lame aiguisée, afin que la viande se vide de la totalité de son sang et qu’elle puisse être qualifiée de Halal ou de Kasher, selon la religion concernée. Un procédé envers lequel les autorités de pays occidentaux n’ont jamais dissimulé leur réticence, préférant que les bêtes soient étourdies au préalable. La Belgique (car le Parlement flamand s’est aussi engagé dans une voie similaire) rejoindrait ainsi la Suisse, le Danemark et la Nouvelle-Zélande dans le cortège des pays interdisant l’abattage rituel.
« La plus grande atteinte aux droits des Juifs depuis l’occupation nazie »
Cette perspective a fait bondir les représentants religieux des deux communautés concernées. « Les musulmans sont inquiets de savoir s’ils pourront toujours consommer halal (…), conformément aux prescriptions et aux rites religieux », a fait savoir l’Exécutif des musulmans de Belgique. Mais la charge la plus lourde est venue des représentants juifs, qui n’ont pas hésité à recourir une nouvelle fois aux ficelles usées de la victimisation et de la persécution. « C’est scandaleux », a commenté Moshe Kantor, président du Conseil juif européen. « Cette décision, prise au coeur de l’Europe occidentale et de l’Union européenne, envoie un message horrible aux communautés juives du continent leur disant qu’elles sont indésirables. (…) C’est le coeur même de notre culture et de notre pratique religieuse qui est attaquée, ainsi que notre statut de citoyens qui doivent bénéficier de droits égaux dans une démocratie. » Avant de conclure : « Nous lançons un appel aux législateurs pour faire machine arrière et abandonner ainsi la plus importante atteinte aux droits religieux des juifs en Belgique depuis l’occupation nazie du pays lors de la Seconde Guerre Mondiale. » On ne sait jamais, des fois que la communauté musulmane de Belgique pourrait en tirer profit…