Quel Bilan pour François Hollande et Manuel Valls? Pour commencer, je vais faire très simple. Je n’ai pas pour habitude d’accabler un homme seul alors qu’une équipe est derrière lui et qu’ils sont tous co-responsables. Au lieu de répéter Francois Hollande et Manuel Valls, je vais donc m’en tenir à « François Valls » pour faire simple. Alors, tout le monde est au courant, François Hollande a jeté l’éponge et, pour la première fois depuis 1958, un président sortant ne briguera pas un second mandat. Mais comment qualifier ce bilan ? Un seul mot: dan-ge-reux. De la gifle à son propre électorat qu’il a trahit avec un programme de droite. De « Mon ennemi c’est la finance » à « Mon maitre c’est la finance », de la lutte contre les inégalités à un taux de pauvreté qui, rien que pour l’année dernière, est reparti à la hausse, de 14,1 à 14,3 %. C’est sous « François Valls » qu’on eu droit à une politique de droite, voire d’extrême droite (déchéance de nationalité, humiliations des écoliers musulmans avec la bénédiction de Najat Vallaud-Belkacem, état d’urgence, pourvoi en cassation pour défendre les contrôles au faciès ou encore « La première liberté, c’est la sécurité », hein Manu ?).
Des opérations militaires qui ont fait plus de mal que de bien
C’est avec ce genre de gauche qu’on a eu droit à plusieurs passages en force grâce au 49.3. C’est sous ce genre de gauche que la répression s’est déchainée au point d’en arriver à une surpopulation carcérale. C’est grâce à « François Valls » qu’on a eu le CICE qui nous a coûté 40 milliards d’euros sans n’avoir rien apporté en termes de lutte contre le chômage. La guerre aura été la seule chose que « François Valls » aient pu faire : guerre contre les classes populaires ; guerre contre les quartiers populaires ; guerre contre l’état de droit ; guerre contre les syndicats ; guerre contre l’environnement ; guerres impériales avec 25 opérations militaires sur 9 théâtres différents. Pourtant, comme à leur habitude, « François Valls » n’ont rien apporté de concret sur le terrain. L’opération Sangaris en Centrafrique s’est soldée par un échec à résorber le chaos. Cette même opération Sangaris qui a déshonoré la France avec les révélations d’actes de pédophilie et même de zoophilie impliquant des militaires français. L’impunité de ces actes a été telle que le haut responsable des Nations Unies Anders Kompass a été poussé à la démission après 30 ans de carrière. Au Sahel, l’opération Barkane et ses opérations clandestines s’est combinée à un soutien au régime d’Ibrahim Keïta que personne n’a élu. Et comme l’écrit Nathaniel Powell, spécialiste de l’histoire des interventions militaires françaises, l’opération Barkane « peut faire plus de mal que de bien, puisqu’elle apporte un soutien crucial, aux gouvernements répressifs qui sont au cœur des problèmes du Sahel. »
Eh oui, comme le disait Chirac aux Tunisiens en 2003, on doit s’estimer heureux d’avoir à boire et manger. A quoi bon être libre quand on est Africain, hein? Malgré la multiplication des théâtres d’opération, les milliards dépensés et les campagnes de bombardement, nous n’avons jamais été aussi vulnérables et cette guerre contre le terrorisme, ingagnable et jugée fallacieuse par Zbigniew Brzenski, s’est combinée à une guerre contre nos libertés à domicile avec la bonne vieille supercherie du tout sécuritaire. Elu pour faire mieux que Nicolas Sarkozy, il a fini par faire pire. (entre nous il fallait vraiment le vouloir), incapable de tenir en laisse un Premier ministre qui a poussé son temps à aboyer « Islam », « musulmans », « voile », « ennemis de l’intérieur », « guerre des civilisations » ou « islamo-fascime. » Il a permis une diversion qui a été telle d’une telle ampleur, que Valls n’a pas hésité à dire : « Oui, il y a le chômage, mais ce qui compte c’est la bataille identitaire. »
« Ce qu’ils ont fait, il l’ont fait de manière délibérée »
Nous voilà donc encore plus pauvres qu’avant, mais rassurons-nous, à défaut de défier les grandes fortunes, nous pouvons entrer en guerre contre nos voisins et collègues de travail surtout s’il y a un voile dans les parages. Les renoncements de « Francois Valls » sont impardonnables tant le duo n’a été dur et intransigeant qu’avec les plus démunis et qu’il a passé ces dernières années à se coucher devant le MEDEF, les syndicats de Police, le lobby des armes, l’ambassade israélienne ou l’ambassade américaine. En préparant cette chronique, je me suis rendu compte que ces renoncements ne sont plus des renoncements, mais des déclarations de lâcheté tant ils ont refusé de défendre notre souveraineté ici même, sur le territoire national, après les révélations de mise sur écoute du gouvernement français par l’agence du renseignement américains NSA. Et, comble de la lâcheté, « François Valls » ont refusé d’octroyer l’asile politique à Edward Snowden, à qui nous devons ces révélations et qui vit actuellement en exil en Russie. « Francois Valls » nous lèguent un an d’état d’urgence, 240 morts et un premier ministre que personne n’a élu mais qui pour parer aux inévitables troubles sociaux provoqués par des inégalités devenues obscènes, a donné à la police plus de pouvoirs sans conte-pouvoirs.
Pour citer un responsable syndical policier, on a mis en place un état totalitaire qui ne s’est privé de rien pour avoir les moyens de répression les plus larges. C’est sous une présidence « normale » que pour justifier la sortie de l’état de droit, on a monté en épingle l’existence d’un ennemi intérieur, à savoir les citoyens de confession musulmane. C’est sous une présidence normale voilées ont été comparées « aux nègres américains favorables à l’esclavage. » C’est sous une présidence normale que des centaines de familles ont été terrorisées par les perquisitions et humiliées par les assignations à résidence arbitraires bien que les musulmans n’ont pas été épargnés par les terroristes ni par l’auteur de la tuerie de Nice.
Quant à Manuel Valls, monsieur, qui commence à fanfaronner pour se poser en sauveur de la gauche, il tentera coûte que coûte de faire croire qu’il n’est pas co-responsable de ce bilan catastrophique n’est en rien innocent et un homme aussi violent devrait être mis à l’écart comme il l’avait été lors de première primaire de 2012. Il vient par ailleurs de déclarer à Europe 1 qu’il ne supportait plus Francois Hollande et n’avait aucun respect pour lui. Quel courage d’avoir été silencieux pendant des années et de s’exprimer maintenant que Hollande est disqualifié. Hollande est peut-être mou, Manuel Valls est peut être intellectuellement limité, mais tous deux, ce qu’ils ont fait, il l’ont fait de manière délibérée.
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