« Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent. » Quand Emmanuel Macron s’est adressé il y a quelques jours au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage atlantique, il a trouvé bon de rire des kwassa-kwassa, ces frêles embarcations de pêcheurs utilisées par des passeurs pour transporter des Comoriens vers Mayotte — l’île française est situé à 70 kilomètres des Comores — au péril de leurs vies. Pourtant, l’histoire n’a pas vraiment de quoi faire rire : entre 1995 et 2012, 10 000 Comoriens auraient perdu la vie en tentant de rallier la France. Une blague qui a fait le tour du web grâce à l’émission « Quotidien ».
« Le kwassa-kwassa pêche peu ! Il amène du Comorien ! » #Quotidien pic.twitter.com/hXKRC2vWx9
— Quotidien (@Qofficiel) 2 juin 2017
L’Elysée, après le tollé provoqué par les propos d’Emmanuel Macron, a plaidé « une plaisanterie pas heureuse. » La presse, elle, a parlé de « maladresse » ou encore de blague « qui passe mal. » Comme s’il s’agissait d’une histoire drôle lors d’un déjeuner de famille qui dérape. Or, les propos d’Emmanuel Macron sont bien plus que cela… La preuve : le Gouvernement de l’Union des Comores s’est dit « choqué » par « les propos inconsidérés, blessants pour le peuple comorien, non respectueux pour la mémoire des victimes » tenus par le président français. Et il y a de quoi : outre les drame humain — il y a un mois encore, un kwassa-kwassa a échoué et fait un mort —, c’est oublier le drame vécu par des milliers de Comoriens depuis la mise en place du « visa Balladur » supprimant la liberté de circulation entre Mayotte et le reste de l’archipel des Comores. La faute aussi à une coopération régionale inexistante qui pousse chaque année de nombreux Comoriens à tenter de rallier Mayotte. Non, cette blague sur les kwassa-kwassa n’était pas simplement maladroite, elle montre que la France doit s’investir un peu plus dans cette région du monde dans laquelle elle a un véritable devoir, trouver une alternative au « visa Balladur » et assurer la sécurité de tous dans l’archipel des Comores.