Dans le fief du Front National, le Nord, le racisme est presque le sport national. La preuve dans la 15e circonscription du département, où Pascal Prince, le candidat FN, s’est laissé aller à des propos maladroits selon lui, racistes à n’en pas douter. Retour quelques jours en arrière. Lors d’une conférence de presse, Pascal Prince parle des migrants, nombreux dans la région notamment avec les anciens camps de Calais. Le candidat a d’abord ironisé sur la présence de réfugiés dans sa ville de Steenvoorde. « En Erythrée, dit-il, Steenvoorde est connue, et pas seulement pour Jean Le Bûcheron (un géant du carnaval local, ndlr). » Une première sortie que Pascal Prince a complétée par cette phrase : « On fera des économies. C’est bon, les Banania. Le Banania c’est très bon pour eux, mais il faut penser aux Français. »
« Je déchirerai les rires Banania sur tous les murs de France » (Léopold Sédar Senghor)
Devant le tollé provoqué par sa déclaration, le candidat du Front National plaide l’erreur d’interprétation. « Ce que je voulais dire, c’est que certains Français n’ont pas de petit-déjeuner. Alors que ‘eux’ ont les soins dentaires, et le petit-déjeuner le matin », assure Pascal Prince, qui avoue qu’il a choisi Banania un peu au hasard parce que « c’est une marque de chocolat bien connue, comme Poulain. » Sauf qu’il a bien choisi Banania et non Poulain. Dans son article sur le sujet, France 3 rappelle la phrase de Léopold Sédar Senghor, qui avait écrit en 1948 : « Je ne laisserai pas la parole aux ministres, et pas aux généraux. Je ne laisserai pas — non ! — les louanges de mépris vous enterrer furtivement. Vous n’êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur. Mais je déchirerai les rires Banania sur tous les murs de France. »
Banania, le symbole du colonialisme français
Car Banania, c’est bien encore aujourd’hui le symbole du colonialisme. Avec son slogan « Y’a bon Banania », l’histoire de la marque raconte des décennies de racisme depuis la guerre 14-18, lors de laquelle les tirailleurs africains étaient venus se battre pour un pays qu’ils ne connaissaient pas. Banania, indique Fabrice Stijnen, directeur du musée du chocolat, « cela correspond à l’esprit colonialiste français de l’époque. On peut lui faire dire ce que l’on veut en changeant le contexte – et aujourd’hui ce slogan a effectivement pris une forte connotation raciste. Il est devenu hautement polémique. » Le candidat Front National de la 15e circonscription du Nord rappelle en tout cas ce qu’est et ce que restera son parti : une formation d’extrême droite avec tout ce qu’elle comporte de raciste.