Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb veut trier les migrants sur le volet et a estimé, dans une interview au JDD, qu’« il faut concilier efficacité et générosité ». Généreuse, la cour d’appel d’Aix-en-Provence l’a effectivement été ce matin en condamnant Cédric Herrou à quatre mois de prison avec sursis. Son tort ? L’agriculteur avait aidé des migrants à traverser la frontière italienne. L’homme aurait aidé, en tout, deux cents personnes, principalement érythréennes et soudanaises. Un « délit de solidarité » qui coûte cher : en première instance, Cédric Herrou avait été condamné à une amende de 3 000 euros avec sursis, mais le procureur de la République de Nice avait fait appel. Aujourd’hui, la peine est alourdie et est symptomatique de la politique migratoire du président Emmanuel Macron.
Car en agissant ainsi, l’agriculteur-militant a voulu montrer que la politique du gouvernement n’était pas efficace. « C’est le rôle d’un citoyen d’agir lorsqu’il y a défaillance de l’Etat », a estimé Cédric Herrou avant de connaître le jugement. L’homme fustige d’ailleurs les dirigeants, assurant que « la politique instrumentalise la justice. » Et l’agriculteur d’inviter « le parquet à venir dans la vallée de la Roya entendre les familles des quinze personnes mortes en tentant de franchir la frontière ». Herrou se veut offensif : « J’attends avec impatience les trente prochaines décennies et on verra qui se retrouvera devant les tribunaux. Je continuerai à me battre. Ils n’ont qu’à me mettre directement en prison, ce sera plus simple », prévient l’homme qui continuera sa mission coûte que coûte, même si cela doit l’envoyer derrière les barreaux.