Ce lundi, les Algériennes avaient semble-t-il piscine. La nouvelle « révolte des bikinis » était pourtant très attendue des médias français. Marianne prédisait même « une ‘baignade républicaine’ géante ». Au lieu de cela, quelques parasols plantés ici et là et pas plus de mouvement que d’habitude sur la plage de Tichy, en Kabylie, qui devait être, toujours selon l’hebdomadaire, « le rendez-vous de toutes celles et ceux qui veulent vivre des vacances libres. » Entendez en bikini. Sauf que, au lendemain de cette « baignade républicaine », force est de constater que les médias français en ont certainement trop fait, ayant même pour la plupart eu du mal à illustrer leurs articles sur ce sujet finalement alimentés par des photos de femmes en bikini trouvées ici et là. Ce qui a desservi la cause de cette jeunesse qui veut faire bouger les choses. Adlène Meddi, journaliste à El Watan, explique au HuffPost que, en effet, « il existe un ras-le-bol réel quant à la place de la femme et des autres libertés individuelles mises à mal » dans la société algérienne. Mais le journaliste dénonce surtout le story-telling à la française. « On donne à ces initiatives une couverture politique en qualifiant de ‘républicaines’ ces baignades », explique Adlène Meddi, qui ne supporte plus « le regard paternaliste » de la presse française et de certains commentateurs. C’est certainement là qu’est le gouffre entre le fantasme à la française et la réalité : de Laurent Bouvet à Sonia Mabrouk, en passant par Lydia Guirous — qui en a profité pour exhumer ses souvenirs des plages algériennes alors qu’elle a quitté le pays à l’âge de… 5 ans —, nombreux sont les auteurs d’une islamophobie à peine voilée à s’être emparés de ce phénomène algérien… non sans un certain paternalisme.
Nos Categories