La dernière semaine de février 2017 restera à jamais gravée dans la mémoire de Mahershala Ali. Quatre jours après être devenu pour la première fois papa d’une petite fille, l’acteur américain de 43 ans a célébré la nuit dernière une autre première : devenir le premier acteur de confession musulmane à remporter un Oscar. Sa performance remarquée dans Moonlight, le film de Barry Jenkins, lui a ainsi valu de gagner le prestigieux trophée dans la catégorie du meilleur second rôle masculin. Recevant son prix avec une émotion retenue, il ne s’est pas épanché, au cours de son discours de remerciement et contrairement aux attentes du public, sur l’interdiction de voyager imposée par Donald Trump aux ressortissants de sept pays musulmans ou à forte majorité musulmane – un sujet qui a été soulevé par ailleurs lors de la cérémonie. Il a simplement voulu justifier l’absence et rendre hommage à sa femme, Amatus Sami-Karim, qui a accouché mercredi dernier de leur premier enfant, Bari Najma : « Lors de cette saison de prix [cinématographiques], mon épouse était dans son dernier trimestre de grossesse, et nous avons eu notre première fille il y a quatre jours », a-t-il déclaré au début de son allocution. « Je veux juste lui dire merci d’avoir été un tel soldat tout au long de ce parcours. »
L’appel à la prière, une « révélation »
Mariés depuis 2013, les Ali se connaissent depuis les bancs de la faculté qu’ils ont fréquentée il y a 17 ans à New York. Et alors qu’il l’accompagnait, un jour, à la mosquée – Mahershala Ali avait alors 26 ans – il évoque la révélation qu’il a ressentie en entendant l’appel à la prière en arabe. « J’ai ressenti quelque chose, comme une réponse, en moi, au moment où résonnait cet appel, et je me suis mis à pleurer. Je me suis réveillé une semaine plus tard et je suis allé directement à la mosquée. C’est ce jour-là que je me suis converti », explique-t-il. Une conversion qu’il a évoquée également lors de son discours, soulignant simplement que sa mère, fervente chrétienne, n’a « pas bondi de joie » à l’annonce mais que cette évolution n’a pas empêché leur relation de prospérer. Mahershala Ali est enfin revenu sur le rôle qui l’a couronné, exprimant sa « reconnaissance d’avoir eu l’occasion de jouer Juan, qui a vu un jeune homme se replier sur lui-même car persécuté par sa communauté et qui l’a aidé à se relever et à le faire se sentir accepté ». Et, ne s’empêchant pas de faire finement allusion au « Muslim Ban », il a ajouté : « J’espère que nous ferons mieux ».