Cette enquête sur le fonctionnement interne de l’ONU avait été demandée en février par le secrétaire général Antonio Guterres à un diplomate du Guatemala, Gert Rosenthal. Ce dernier lui a remis lundi son rapport, devant être diffusé à l’ensemble des membres des Nations unies.
« Bien qu’il soit difficile d’attribuer la responsabilité de défaillances systémiques à une seule entité, et encore moins à des individus (…), il en existe clairement une des parties impliquées », indique Gert Rosenthal. Il leur reproche notamment « leur incapacité à accompagner » la politique gouvernementale « par des actions constructives » tout en dénonçant les « graves violations des droits humains ».
L’ex-représentante de l’ONU en Birmanie, Renata Lok-Dessallien, avait été accusée fin 2017 d’avoir voulu privilégier dans son approche l’aide au développement économique de la Birmanie plutôt que la défense des droits humains. L’ONU avait alors rejeté ces accusations.
Dans son rapport de 36 pages, le diplomate dénonce tour à tour une « dynamique de divisions plutôt que de cohésion au sein du système onusien », « l’absence d’une stratégie claire et unifiée » et « un manque d’analyses systématiques et unifiées venant du terrain ».
Dans ses recommandations, Gert Rosenthal souligne qu’il est « crucial d’avoir des canaux de communication clairs, horizontalement et verticalement, de façon à ce que les décisions prises aux plus hauts niveaux soient relayées et comprises par tous les membres » de l’ONU impliqués dans un dossier.
« Culture interne »
« Les Nations unies doivent améliorer le recueil et le partage d’informations, de données et d’analyses ». « S’il y a des interprétations différentes venant de différents milieux, elles doivent être partagées de manière large » afin de permettre « un arbitrage » pour « faciliter la prise de décisions », précise le diplomate.
Parmi les causes des défaillances de l’ONU, le diplomate relève « la fascination initiale de la communauté internationale pour une transition politique » en Birmanie portée par l’icône Aung San Suu Kyi. Il note aussi la contradiction qui a existé entre les partisans d’une « diplomatie tranquille » et ceux qui dénonçaient haut et fort les violations des droits humains en Birmanie.
Interrogé lundi sur le rapport, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué que « le secrétaire général reprenait à son compte (ces) recommandations ». Antonio Guterres « s’est engagé à les appliquer », a-t-il ajouté lors de son point-presse quotidien.
Dans un communiqué, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a critiqué l’absence de sanctions contre les responsables de l’ONU coupables de dysfonctionnements. « Si les dirigeants de l’ONU sont déterminés à changer sa culture interne, alors ils doivent tenir pour responsables ceux qui par leur inaction ont ignoré le nettoyage ethnique en Birmanie », a fait valoir son directeur pour l’ONU, Louis Charbonneau.
A partir d’août 2017, fuyant une répression meurtrière de l’armée birmane, quelque 740.000 Rohingyas ont trouvé refuge au Bangladesh voisin. Divisé, le Conseil de sécurité s’était alors montré dans l’incapacité d’obtenir rapidement un arrêt de la répression assimilée par la suite par des enquêteurs de l’ONU à un « génocide ».