Les commentateurs des Jeux Olympiques sur France Télévisions ont choqué le public avec leurs propos étonnants concernant l’esclavage au Brésil. Mais ce n’est pas tout…
« Très souvent, les Tunisiens font preuve de mauvaise foi. » Dans la nuit de dimanche à lundi, les commentateurs du match de handball entre la France et la Tunisie, pour le compte des Jeux Olympiques de Rio, se lâchent. Quelques minutes plus tard, à propos des gymnastes japonaises, le consultant s’exclame : « On dirait un manga avec des petits personnages, un dessin-animé avec des petits Pikachu. » Lorsque le Zimbabwe joue la compétition de football, tout au long de la rencontre, les joueurs sont qualifiés d’« Africains », comme si l’on définissait les joueurs allemands comme des Européens lors des matches de foot. Sur France Télévisions, les commentateurs et consultants sont en roue libre. Les propos de ce style s’enchaînent, et ce n’est rien comparé aux affirmations tenues par les journalistes de la chaîne lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux.
« Le trafic d’esclaves a été nécessaire »
Si bien que le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) vient de publier un communiqué pour dénoncer les « erreurs, inepties et propos colonialistes » tenus sur France Télévisions lors de la cérémonie d’ouverture qui a, selon le Cran, « donné lieu à un véritable festival d’erreurs, d’inepties et de propos colonialistes qui ont été tenus par Daniel Bilalian et Alexandre Boyon. » L’association se pose la question de saisir le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Elle demande notamment « aux présentateurs de France 2 de ne pas insulter les téléspectateurs en supposant a priori que ceux-ci seraient aussi ignares que ceux-là. » Les commentateurs avaient en effet indiqué que les Européens avaient du mal « à faire la différence entre l’Amérique du Nord (…) et l’Amérique du Sud. »
L’association antiracisme reproche aussi aux journalistes de France Télévisions d’avoir abordé d’une manière étonnante le sujet de l’esclavage. « Le trafic d’esclaves a été nécessaire ici pour le développement industriel, a-t-on pu entendre. Un esclavage qui a duré jusqu’à la fin du XVIIIe siècle (…) Le Brésil a utilisé les services de ces esclaves africains qui venaient de l’ensemble du continent africain. » Selon le Cran, « affirmer que le trafic a été ‘nécessaire’, et qu’on utilisait ‘les services’ des esclaves constitue une présentation maladroite, pour ne pas dire équivoque, qui tend à minimiser, voire à justifier l’esclavage, qui fut un crime contre l’humanité, rappelons-le. » Mieux vaut, pour les commentateurs, parler de sport plutôt que d’histoire. Question de compétences.