« On est des musulmans sans honte, sans excuses. » Le discours de Marwan Muhammad, ce dimanche soir, lors de la présentation des résultats de la grande Consultation des musulmans a été offensif. Au moment où le ministère de l’Intérieur boucle ses Assises territoriales de l’Islam de France et alors que le Conseil français du culte musulman prévoit de lancer sa propre consultation, l’ancien directeur du CCIF a voulu marquer les esprits. Il a, pour ce faire, choisi de s’exprimer dans un lieu symbolique, l’Institut du monde arabe, et le public a été largement au rendez-vous, toute la salle du Haut conseil étant pleine.
L’enjeu actuel : le manque de représentativité
Après avoir salué le succès de la consultation — plus de 24 000 questionnaires remplis en ligne et quelque 3 000 questionnaires sur le terrain —, Marwan Muhammad a laissé la place à plusieurs personnalités comme pour montrer que ce projet ne reposait pas que sur son nom. L’analyse du comité scientifique a permis de lancer une première attaque en règle contre les organisations déjà existantes. Du CFCM tout d’abord, dont 80 % des personnes ayant répondu au questionnaire considèrent qu’il ne les représente pas. Puis de la Fondation de l’Islam de France, avec un taux qui monte à plus de 90 %.
Une intervention du public qui résume assez bien les choses : « Cette initiative, c’est une déclaration d’amour, un vrai geste d’amour même, envers les musulmans et au-delà. »
C’est comme ça que ça a été pensé.#LesMusulmansEnAction pic.twitter.com/grllcstn8E
— Marwan Muhammad (@_MarwanMuhammad) 30 septembre 2018
Mais, comme nous le rappelait Marwan Muhammad avant le lancement de la consultation, ces chiffres n’ont pas vocation à être pris de manière scientifique. « Je n’ai pas choisi le format enquête ou sondage, on n’est pas dans des conditions qui donneront des résultats scientifiques mais ce qui sortira émergera du terrain », disait-il. Cependant, les résultats de la consultation montrent que l’ancien directeur du CCIF et les responsables d’organisations institutionnelles seront difficilement réconciliables. « Je ne veux pas que le recteur de la Grande mosquée de Paris dise qu’il me représente », lance même un membre du public au moment où le micro est ouvert à tous.
« Travailler sans les musulmans, c’est travailler contre les musulmans »
Il a beaucoup été question de la mise sous tutelle du culte musulman par les pouvoirs publics. Pour la sociologue Fatiha Ajbli, « les musulmans des nouvelles générations, les indicateurs de sédentarisation étant là, ne supportent pas l’ingérence du gouvernement. » « Travailler sans les musulmans, c’est travailler contre les musulmans », continue Marwan Muhammad. Malgré tout, ce dernier propose « une main tendue » aux « fédérations historiques. » Ce que veut l’initiateur de ce projet, résume-t-il après une après-midi de discussions, ce sont des musulmans « en action. » Après trois heures, le constat est unanime : il y a, de la part des communautés musulmanes, « une demande constante de s’organiser, de se voir. »
Après les discussions, place à l’action. Si Marwan Muhammad demande « de la patience », il a énuméré les sept actions prioritaires qui doivent être menées « par et pour les musulmans. » Parmi celles-ci, la mise en place de « feuilles de route concrètes » et de « groupes de travail sur tous les projets qui comptent », du financement du hajj au statut des imams, en passant par le halal et les rites funéraires. Prévue également, la mise en place d’une centrale d’achats pour « mutualiser les besoins » des mosquées et associations musulmanes. Mais aussi « des formations dédiées aux imams et aux cadres associatifs. » Dans les prochains jours, l’équipe espère recevoir de nouvelles idées sur sa nouvelle plateforme.