samedi 23 novembre 2024
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Des Egyptiens manifestent contre le dictateur Sissi

« Sissi, va-t-en », scandaient les manifestants brandissant des pancartes avec des slogans appelant au départ du président égyptien.

Les manifestations antigouvernementales sont rares en Egypte, pays qui vit sous état d’urgence et où les mouvements de protestation sont interdits en vertu d’une loi adoptée en 2013 après le coup d’Etat militaire dirigé par le général Sissi contre le président islamiste Mohamed Morsi.

Le régime égyptien mène une répression sans merci contre l’opposition, emprisonnant des milliers d’islamistes, d’activistes de la société civile ou encore de blogueurs.

Vendredi soir, des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient quelques dizaines de personnes rassemblées dans les villes d’Alexandrie, Mahalla et Damiette dans le delta du Nil, ainsi qu’à Suez.

Au moins 74 personnes ont été arrêtées dans la nuit, a indiqué à l’AFP une source au sein des services de sécurité, alors que des policiers en civil patrouillaient dans les ruelles du centre-ville au Caire.

La police a fait usage de gaz lacrymogène et s’est déployée place Tahrir, haut-lieu de la révolution de 2011 qui avait abouti au renversement du président Hosni Moubarak, où le rassemblement nocturne a été organisé dans la capitale.

Ces manifestations faisaient écho à des appels lancés sur les réseaux sociaux, émanant notamment d’un homme d’affaires égyptien en exil, Mohamed Aly.

Présence renforcée de l’armée

Depuis l’Espagne, cet entrepreneur de secteur de la construction a publié plusieurs vidéos virales depuis début septembre appelant au renversement de Sissi et des militaires, qu’il accuse de corruption.

Le président a nié en bloc ces allégations. « Ce sont des mensonges et ils ont pour but de briser la volonté des Egyptiens et de leur faire perdre toute espoir et toute confiance en eux-mêmes », a dit M. Sissi le 14 septembre devant un congrès de jeunes au Caire.

« Votre fils est honnête et fidèle » a dit M. Sissi à l’adresse de l’armée dont il est issu.

Si aucun chiffre crédible n’existe sur le poids exact de l’armée dans l’économie égyptienne, celle-ci intervient dans la production de divers biens, de la machine à laver aux pâtes alimentaires, ou encore dans la construction de nombreuses routes.

Depuis l’arrivée en 2013 de M. Sissi, ancien chef de l’armée, à la tête de l’Etat égyptien, cette implication est devenue plus visible encore.

Le porte-parole de l’armée a affirmé début septembre à la télévision que les forces armées supervisaient –plutôt qu’elles ne dirigeaient– plus de 2.300 projets nationaux, employant quelque cinq millions de civils.

Dans sa dernière vidéo en date postée vendredi matin sur ses comptes de plus en plus suivis sur les réseaux sociaux, Mohamed Aly a exhorté les Egyptiens à descendre dans la rue après un match de football très attendu entre les deux grands clubs du Caire, Al-Ahly et Zamalek.

Dangers

Le président Sissi a mis en garde, devant le congrès de jeunes le 14 septembre, contre les dangers que constitue l’acte de manifester pour exprimer publiquement son opposition, s’en prenant à la révolution de 2011.

L’Egypte « est en train de payer depuis 2011 pour une seule erreur (…) un prix que nous avons payé et que nous continuerons de payer », a-t-il dit.

Il a régulièrement invoqué la sécurité et la stabilité comme étant les caractéristiques de son règne, à la différence d’autres points chauds de la région comme l’Irak, la Libye ou la Syrie.

Mais son gouvernement a imposé de strictes mesures d’austérité depuis 2016 dans le cadre d’un plan de soutien de 12 milliards de dollars accordé en 2016 par le Fonds monétaire international (FMI), et le mécontentement monte face à la flambée des prix.

Près d’un tiers de la population égyptienne vit sous le seuil de pauvreté, selon des chiffres publiés fin juillet par un organisme officiel qui fixe le seuil de pauvreté à un revenu annuel de 8.827 livres égyptiennes (480 euros) ou moins, soit environ 1,30 euro par jour en moyenne.

Human Rights Watch a exhorté samedi les autorités à « protéger le droit à manifester pacifiquement » et à relâcher les personnes arrêtées.

Le président Sissi s’est envolé vendredi pour New York où il doit s’adresser à l’Assemblée générale de l’ONU la semaine prochaine.

Contacté par l’AFP, son bureau n’a pas donné suite.

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