Fin décembre, l’agence Laforêt des Lilas, en scène Seine-Saint-Denis, se faisait prendre après la fuite d’une fiche locative interne qui précisait : « Pas de Noir, nationalité française obligatoire. » Un mois plus tard, le Bondy Blog publiait une enquête sur les « discriminations au logement » et révélait les pratiques peu recommandables d’agences qui accédaient assez volontiers à des demandes racistes de propriétaires désirant louer leur bien. Si ces pratiques étaient avérées, impossible de savoir si elles étaient courantes ou non dans le milieu de l’immobilier. La réponse se trouve dans un rapport publié par l’Alliance de recherche sur les discriminations, qui traite des « discriminations dans l’accès au logement à Paris. »
Un tiers de chances en moins d’être reçu pour une visite pour un Maghrébin
Quatre chercheurs ont voulu mesurer les discriminations liées à l’origine dans l’accès au logement du parc locatif privé parisien. Ils ont travaillé pendant deux mois, l’an dernier, sur le sujet. La méthode a été assez simple : ils ont répondu à plus de cinq-cents annonces et envoyé quatre messages pour chacune d’elle pour demander une visite. Deux des messages étaient envoyés par des personnes à patronymes d’origine française — l’un fonctionnaire, l’autre sans information sur la situation professionnelle — quand les deux autres étaient envoyés par des personnes à patronymes faisant penser à une origine maghrébine — là aussi dans la fonction publique pour l’un et sans information pour l’autre. La conclusion est sans appel : « Les discriminations à l’encontre des individus d’origine maghrébine sont très fortes
dans l’accès au logement parisien » et « elles sont peu liées à la fragilité financière supposée des individus. » Plus concrètement, un « individu de référence d’origine française a un taux de réponse de 18,7 % à ses demandes de visites de logement » alors que « pour l’individu d’origine maghrébine, ce taux est de 12,9 %. » Cela représente donc, affirment les chercheurs, à « un tiers de chances en moins de recevoir une issue favorable » à une demande de visite pour un candidat d’origine maghrébine. Une étude qui rejoint celle sur les discriminations à l’embauche, même si l’écart est bien moins important — un Mohammed a quatre fois moins de chances d’être recruté qu’un Michel, indiquait l’étude sur l’emploi.