Lors du débat sur TF1, hier soir, les candidats n’ont pas manqué de parler d’Islam et de terrorisme, associant une fois de plus les deux termes sans aucun discernement. « Il y a une montée de l’intégrisme au sein de la religion musulmane », a notamment déclaré un François Fillon habitué à parler de « totalitarisme islamique. » Tous laissent transparaître que la religion est l’unique source du terrorisme. Or, c’est un raccourci plus que discutable, rappellent Thomas Guénolé, politologue et auteur du livre « Islamopsychose », et Christophe Caupenne, à qui l’on doit « Petit Guide de contre-manipulation ».
Des analyses qui relèvent du « café du commerce pseudo-expert »
Dans une tribune publiée dans Marianne, intitulée « Comprendre l’embrigadement djihadiste : et si on arrêtait le café du commerce ? », les deux experts indiquent que « la thèse qui voudrait que le djihadisme soit le fruit d’une radicalisation de l’Islam ne tient pas. » Pour preuve, une étude de documents sortie l’été dernier par Associated Press. L’agence indique, preuves à l’appui, que 70 % des recrues de Daesh ont une simple connaissance « de base » des notions de l’Islam, alors que 24 % ont un niveau « intermédiaire. » En réalité, seules « cinq recrues ont été répertoriées comme ayant mémorisé le Coran », indique l’agence de presse, qui a étudié 3 000 documents interne de l’organisation terroriste. Selon Thomas Guénolé et Christophe Caupenne, les analyses exprimées dans le débat public ne devraient pas être. Pour eux, « il est grand temps que les grands médias ne prennent plus au sérieux, et n’accordent plus un porte-voix, à celles qui relèvent du café du commerce pseudo-expert. »