Depuis fin 2014, entre le maréchal Abdel Fattah al-Sissi et le cheikh d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb, la tension est à son comble. En décembre de cette année-là, Dominique Avon, professeur à l’université du Maine et co-directeur de l’Institut du pluralisme religieux et de l’athéisme, indiquait à La Croix que la sortie du cheikh à l’encontre du dictateur égyptien était « l’énième manifestation d’un rapport de force entre autorité religieuse et autorité politique pour décider l’instance à même de définir les règles qui doivent s’appliquer à la société. » En effet, al-Sissi a souvent proposé des changements de la loi en se basant sur un Islam contraire à celui prôné par Al-Azhar, une institution reconnue dans le monde musulman. Mais en ce mois d’août, le dictateur égyptien a pris un coup d’avance sur Ahmed al-Tayeb, grâce au soutien du mufti d’Egypte, Shawki Allam.
En effet, indiquent nos confrères de SaphirNews, le mufti égyptien vient de lancer une fatwa un peu particulière : le religieux a indiqué que la zakat pouvait désormais être donnée à… l’armée égyptienne. On est loin de l’esprit initial de la zakat, censée venir en aide aux populations les plus pauvres et nécessiteuses. En proposant de verser l’aumône aux forces armées, le mufti égyptien dévoie les textes sacrés. Certes, le religieux estime que cela permet de soutenir les efforts de l’armée dans la lutte contre le terrorisme. Mais avec un budget de 6 milliards de dollars et alors que l’Egypte traverse une crise économique sans précédent, mettre l’Islam au service de la dictature du maréchal al-Sissi est un faux pas impardonnable pour le mufti d’Egypte Shawki Allam. Rappelons que ce dernier avait été nommé en 2013 et que c’était la première fois qu’un président égyptien ratifiait l’élection d’un mufti.