L’UDC (Union démocratique du centre), qui réunit des personnalités d’extrême, n’aime pas l’Islam et le fait savoir. Sur son site, le parti suisse écrit par exemple qu’« il n’y a pas d’islam modéré. Il est des musulmans modérés et ils le sont devenus en adoptant, plus ou moins volontairement, les modes de vies et de pensées des nations européennes. » Pour l’UDC, l’Islam est « conquérant et guerrier », et ne peut donc être pleinement intégré à la Confédération.
L’un des membres de l’UDC, le Conseiller national Jean-Luc Addor a déposé, il y a un an, une demande d’initiative qui permettrait d’interdire les aumôniers musulmans dans l’armée suisse. L’élu s’appuie sur l’article 31 de la loi fédérale sur l’armée et l’administration militaire (LAAM) qui indique « que l’assistance spirituelle mise à disposition des militaires est confiée exclusivement à des aumôniers protestants, catholiques romains et catholiques chrétiens. » Cela ne pose aucun problème pour ces trois religions.
En revanche, demande Jean-Luc Addor, « aux ordonnances de quelle ‘Eglise’ un aumônier militaire musulman, adepte d’une religion sans Eglise ni clergé, devrait-il obéir ? A celles de la Fédération d’organisations islamiques de Suisse, de la Ligue des musulmans de Suisse ou encore du Conseil central islamique suisse (…) ou alors à celles de la Ligue islamique mondiale ou d’autres organisations islamiques étrangères ? »
L’interdiction d’aumôniers musulmans permettrait, selon l’élu, d’éviter que cela ne « transforme notre armée en un foyer de prosélytisme islamique, voire de recrutement de soldats du djihad. » Et le membre de l’UDC de lancer une proposition très sérieuse : que ce soient des aumôniers chrétiens qui s’occupent de « l’assistance spirituelle à laquelle les militaires ont droit indépendamment de leur foi. »
Plusieurs voix s’étaient élevées contre cette proposition d’initiative, parmi lesquelles des associations musulmanes, mais aussi la Fédération suisse des communautés israélites et la Plateforme des Juifs Libéraux de Suisse. Finalement, la Commission de la politique de sécurité du Conseil national a demandé à la Chambre basse du parlement fédéral de ne pas donner suite à cette initiative parlementaire, rappelant que les militaires ont le droit à une prise en charge spirituelle par des aumôniers même musulmans.