En octobre dernier, Emmanuel Macron, devant des centaines de hauts responsables de la police et de la gendarmerie, défendait sa future « police de sécurité du quotidien. » Rien à voir avec la police de proximité de Lionel Jospin, assurait alors le président de la République, qui voulait que les agents soient « au plus près des habitants. »
Quatre mois après son grand discours sur la sécurité, Emmanuel Macron siffle le début de l’expérimentation. Cette police de sécurité au quotidien (PSQ) sera, comme annoncé, à l’œuvre dans une vingtaine de sites pilotes. Le projet a pris beaucoup de retard, puisqu’il devait initialement être lancé en fin d’année dernière. Mais le test commencera finalement ce 1er février.
« Une PSQ à effectif et budget constants est une PSQ qui n’est pas viable à long terme »
Cette nouvelle police va-t-elle révolutionner les choses ? A priori non, puisque, en réalité, il n’y a pas de création d’un nouveau corps de police. Il s’agira plutôt, indiquent les proches du président, d’une nouvelle façon de travailler pour les services existants. « Ce n’est pas seulement en période de crise que la population doit être fière de sa police, c’est tous les jours », expliquait Macron en octobre. C’est finalement le principal objectif de ce projet : rapprocher la population de sa police.
Concrètement, les policiers concernés devraient prendre plus de temps pour aller sur le terrain. Reste cependant un problème : si aujourd’hui les policiers sont si peu sur le terrain, c’est parce qu’ils sont occupés à des tâches administratives. La PSQ, sans budget supplémentaire alloué, ne servira pas à grand-chose. « Une PSQ à effectif et budget constants est une PSQ qui n’est pas viable à long terme », estime Eddy Sid, porte-parole du syndicat Unité SGP Police.
L’idée n’est donc pas inintéressante, puisque l’on verra plus de policiers se rendre dans certains quartiers, qui pourront intervenir auprès de la population. Sauf que les policiers sont dans le flou le plus total et déplorent d’ores et déjà le manque d’effectifs. Huit Français sur dix seraient favorables à la police de sécurité au quotidien. Les citoyens présents dans les villes tests pourront donner leur avis.
« Il faut arrêter de croire qu’il y a un divorce entre la police et les quartiers populaires »
Côté politique, c’est autant le flou que pour les policiers. Azzédine Taïbi, maire PCF de Stains, ne sait pas si sa ville pourra bénéficier du programme. Mais il le souhaite. Le maire de la ville de Seine-Saint-Denis assure que le désamour de la population envers la police vient d’un manque d’effectifs. « La défiance résulte du manque de policiers », explique-t-il, ajoutant : « Il faut arrêter de croire qu’il y a un divorce entre la police et les quartiers populaires, c’est de l’instrumentalisation véhiculée par certains politiques ou médias. (…) Il faut recréer du lien et faire en sorte que la police ait une présence sur le terrain utile et quotidienne auprès de tous les habitants, y compris les jeunes. »
Plus qu’un coup de communication, la police de sécurité au quotidien semble donc être un réel besoin. Mais les autorités vont rapidement devoir mettre des moyens financiers et humains pour permettre aux agents de faire du terrain. Mais également réfléchir à une vraie stratégie. Sans quoi ceci n’aura effectivement été qu’un coup d’épée dans l’eau.