« On peut être cultivé et parler comme les Français. » Quand Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, tente de défendre son président, il ajoute — certainement sans s’en rendre compte — une bonne dose de mépris. En déplacement en Corrèze, Emmanuel Macron avait, la veille, dénoncé les manifestants de GM&S « qui foutent le bordel, alors qu’ils feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas », dans une entreprise voisine. Le président de la République n’en est pas à sa première insulte. Mais alors, Emmanuel Macron nous méprise-t-il ? Il n’a en tout cas jamais caché son aversion pour certaines catégories de personnes, comme les journalistes. Mais une bonne part des Français se sent également méprisée par le président de la République, qui avait notamment affirmé, en juin dernier, qu’« une gare, c’est un lieu où l’on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. » Des propos qui avaient scandalisé, d’autant que l’on se souvient, alors qu’il était encore ministre, de sa réponse à un gréviste : « Le meilleur moyen de se payer un costard, c’est de travailler », avait-il expliqué.
Emmanuel Macron et « les pauvres »
Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron montre un véritable mépris de classe. La preuve avec, en janvier 2016, une sortie pour le moins controversée de celui qui est aujourd’hui président. « Bien souvent, la vie d’un entrepreneur est bien plus dure que celle d’un salarié, il ne faut pas l’oublier. Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties », affirmait le ministre de l’Economie. Pour lui, les Français manquent d’ambitions et il veut, pour son pays, « des jeunes (…) qui aient envie de devenir milliardaires. » Car Emmanuel Macron aime l’argent qui serait un gage de réussite, et il le fait savoir en disant qu’il n’aime pas les « fainéants. » Pour ces derniers, il y a… le bus. Et quand son prédécesseur François Hollande parlait des sans-dent, lui préfère utiliser le mot de « pauvre ». En 2014, en parlant de sa réforme des transports, Emmanuel Macron avait assuré que « les pauvres qui ne peuvent pas voyager voyageront plus facilement » grâce aux autocars.
Des propos méprisants en fonction du statut social des gens
Ajoutez à cela des petites phrases sur les « femmes (…) qui sont pour beaucoup illettrées » de Gad et sur les alcooliques du Nord-Pas-de-Calais. Cela fait beaucoup pour un seul homme. Ce mépris de classe marque en tout cas les Français. Et les politiques. Martine Billard, animatrice du comité électoral national de La France insoumise, par elle de « morgue de classe. » L’Insoumise s’insurge des « propos méprisants en fonction du statut social des personnes » qu’Emmanuel Macron a en face de lui. « Il est méprisant envers tous ceux qui ne sont pas des jeunes dynamiques, qui arrivent dans la vie. C’est quand même inouï, parce que ceux qu’ils visent par ces propos, ceux ‘qui ne sont rien’, c’est l’immense majorité de la population », déplore la membre du parti de Jean-Luc Mélenchon qui estime que le président éprouve « un mépris total des Français » et que « c’est scandaleux. »