Le Prix Sakharov a été décerné cette année à deux femmes yazidies, anciennes esclaves sexuelles de Daesh en Irak.
Deux Irakiennes, Nadia Murad et Lamiya Aji Bashar, originaires d’un village yazidi, ont reçu le Prix Sakharaov 2016. Décerné chaque année depuis 1988 par le Parlement européen et doté de 50 000 euros, ce prix distingue des personnes ou des organisations qui ont consacré leur existence à la défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales. En 2016, les députés européens ont voulu honorer une communauté ethnique et religieuse du Kurdistan irakien, particulièrement ciblée et persécutée par les terroristes de l’Etat Islamique (EI).
Les deux récipiendaires font en effet partie des milliers de jeunes filles et de femmes qui ont été forcées ces dernières années à l’esclavage sexuel par Daesh. Les deux femmes primées avaient réussi à s’échapper de leurs geôliers et à attirer l’attention sur les violations des droits de l’Homme auxquelles ils se livraient.
Une ethnie kurde persécutée
Aujourd’hui âgée de 23 ans, Nadia Murad s’est enfuie en novembre 2014 de Mossoul où elle était prisonnière, et a pu rejoindre l’Europe. Elle s’est faite la porte-parole non seulement de la communauté yazidie mais des réfugiés et des droits des femmes plus généralement. Quant à Lamiya Aji Bashar, tout juste 18 ans, elle avait été capturée en même temps que Nadia Murad mais n’a pu s’échapper qu’en mars dernier. Durant sa fuite, une mine a explosé, qui l’a défigurée et fait perdre un oeil. Deux autres compagnes d’infortune ont, elles, trouvé la mort. Bashar oeuvre désormais à la reconnaissance des droits et du martyre des Yazidis.
Considérés comme des renégats par les extrémistes islamistes, les Yazidis sont adeptes d’un monothéisme issu d’anciennes croyances kurdes, qui plonge ses racines dans le mithraïsme de l’Iran ancien et le soufisme islamique. L’ONU a publié en juin dernier un rapport indiquant qu’un génocide était commis par l’EI contre la communauté yazidie en Syrie et en Irak, forte de 400 000 personnes, par des exactions incluant notamment les meurtres et l’esclavagisme sexuel.