En bon diplomate, le tout nouveau Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ne veut guère céder à l’euphorie. Certes, le redoutable et sanguinaire Etat islamique (EI) s’affaiblit inexorablement. Mais le groupe terroriste reste une « menace » et est en train de « s’adapter en partie » à ses pertes sur les champs de bataille. « L’EI est militairement sur la défensive dans différentes régions comme en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie », a précisé le Portugais, prenant appui sur un rapport officiel remis jeudi dernier au Conseil de Sécurité. Les ressources financières du groupe EI sont incontestablement en baisse, l’obligeant par là même à opérer sur un « budget de crise », a-t-il précisé. En effet, les revenus traditionnellement tirés de la contrebande de pétrole se tarissent : la province syrienne de Dei Ezzor, au nord-est du pays, procurait en 2015 500 millions de dollars aux chefs djihadistes. L’année dernière, ils n’en ont perçu « que » 260 millions.
Des moyens financiers divisés par deux en un an
Malgré ce qui s’apparente à une bonne nouvelle, les auteurs du rapport recommandent aux gouvernants de rester en alerte, la capacité d’adaptation des terroristes étant telle qu’ils auront tôt fait de trouver des sources de financement alternatives. Et le rapport de mentionner une possible recrudescence des enlèvements de journalistes ou de travailleurs humanitaires dans les zones de conflit. Par ailleurs, les contingents de nouvelles recrues étrangères sont de moins en moins fournis, du fait de mesures de sécurité et de surveillance plus strictes instaurées par les principaux pays émetteurs ou plaques tournantes. Le Secrétaire général de l’ONU évoque également la « moindre attraction » du groupe terroriste. « La capacité de l’EI à attirer de nouvelles recrues est en train de diminuer et les combattants abandonnent de plus en plus les champs de bataille », a ainsi affirmé Antonio Guterres. Le Conseil de Sécurité se réunit aujourd’hui pour prendre acte du rapport.