Ce n’est un secret pour personne : aux Etats-Unis, la religion a une grande importance dans la vie de la population. N’oublions pas, par exemple, que le président prête serment sur la Bible, tout comme les témoins dans les tribunaux. Malgré le premier amendement de la Constitution, qui garantit la non-ingérence de l’Etat dans les religions, l’athéisme n’est pas vraiment en vogue de l’autre côté de l’Atlantique. Un sondage indique que seuls 45 % des Américains « seraient prêts à voter pour un candidat à la présidentielle qui serait athée. » Une proportion moins importante que celle qui serait prête à voter pour… un musulman !
L’athéisme, une déviance morale ?
Depuis plusieurs mois, l’athéisme veut donc gagner ses galons aux Etats-Unis. Cette cause sera, selon Todd Stiefel, membre de la Coalition laïque, « le prochain grand mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis. » Ce millionnaire exagère-t-il en comparant la cause athée à celles des Noirs, des homosexuels ou des femmes quelques années plus tôt ? Peut-être pas tant que cela. Pour Lauric Henneton, auteur du livre « Histoire religieuse des Etats-Unis », interrogé par Le Figaro, l’athéisme a longtemps été considéré par les Américains « comme une forme de déviance à la fois morale et politique. » Notamment parce qu’« une majorité d’Américains considèrent toujours que la foi conditionne le sens moral, que l’on a besoin d’être croyant pour faire la part du Bien et du Mal. »
Mais les choses pourraient bien évoluer. Notamment au niveau politique. Le président Obama, pour ses dernières mesures, a décidé de modifier la loi sur la liberté de religion dans le monde. Désormais, les athées seront considérés comme groupe à protéger, au même titre que les groupes religieux. Selon le nouveau texte, « la liberté de croyance, de conscience et de religion protège les croyances aussi bien théistes que non-théistes et le droit à ne pas professer et ne pas pratiquer de religion. » Outre-Atlantique, cette loi ne devrait pas changer grand-chose. En réalité, cette modification vise à permettre à la plus grande puissance mondiale d’exercer une certaine pression sur des groupes comme Daesh ou Boko Haram ou sur des pays musulmans qui emprisonnent des personnes simplement parce qu’elles sont athées.