Conférence de paix à Paris : « Un nouveau procès Dreyfus », selon Avigdor Lieberman

« La France accueillera, le 15 janvier 2017, une nouvelle conférence internationale sur la paix au Proche-Orient, en présence de 70 pays, et nous recevrons les responsables israéliens et palestiniens lors de réunions séparées », a annoncé jeudi dernier Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères. Et pour cause : toujours remonté contre le vote de la résolution de l’ONU ordonnant la fin de la colonisation des territoires palestiniens, Israël, par la voix de son ministre de la Défense Avigdor Lieberman, a critiqué hier l’initiative française, la qualifiant de nouveau « procès Dreyfus ».

Opposé à toute idée de concertation multilatérale sur la résolution d’un conflit enlisé depuis plus d’un demi-siècle, Israël a ouvertement et fermement dénigré la tenue de cette conférence à Paris, appelant à la place à des négociations bilatérales directes avec les Palestiniens. « Ce n’est pas une conférence pour la paix, c’est un tribunal contre l’Etat d’Israël », a commenté Lieberman aux membres de son parti nationaliste Yisrael Beiteinu. « C’est une conférence dont le but ultime est de porter atteinte à la sécurité d’Israël (…), c’est une version moderne du procès Dreyfus, avec une différence : au lieu d’un seul Juif, c’est l’ensemble du peuple juif et de l’Etat d’Israël qui est jugé ! », a-t-il poursuivi.

« Quittez la France ! »

Pour rappel, l’affaire Dreyfus avait ébranlé durant douze ans la société et le régime de la Troisième République, au tournant du XXème siècle, suite à la condamnation pour espionnage et trahison prononcée à l’encontre d’Albert Dreyfus, un capitaine juif de l’armée française, qui sera finalement innocenté. « L’affaire » est devenue depuis un symbole de l’injustice et de l’antisémitisme.

Ce dimanche, Avigdor Lieberman a aussi enjoint les Juifs français à faire leur « Alya », leur retour à Israël, justifiant son appel comme étant la réponse « la plus appropriée » et la seule qui puisse être donnée « à ce complot ». Prenant appui sur les récentes agressions antisémites en France, le ministre israélien estime que la conférence « va alourdir l’atmosphère ». « Il est peut-être temps de dire aux Juifs de France : « Ce n’est pas votre pays, ce n’est pas votre terre, quittez la France et venez en Israël » », a-t-il déclaré, tirant en outre sur la nécessité du maintien de la filiation judaïque. « Si vous voulez rester Juif et garder vos enfants et petits-enfants Juifs, quittez la France et installez-vous en Israël », a-t-il insisté.