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Doux : le fleuron du poulet halal français désossé

Le fleuron français de la volaille (et du halal) est-il en passe de passer sous pavillon saoudien ? Ce jeudi 29 mars, dans un communiqué de presse, la coopérative Terrena annonce soutenir « des offres concertées pour assurer la pérennité de l’essentiel des emplois et des activités de Doux. » Employant 1 200 salariés, Doux est en difficulté : le groupe a déposé une demande de mise en liquidation judiciaire au tribunal de commerce de Rennes le 3 avril. Hier, le tribunal de commerce de Rennes a ordonné la liquidation judiciaire du volailler finistérien Doux, assortie d’une poursuite de l’activité jusqu’au 31 mai.

Dans son communiqué, Terrena ne parle pas une seule fois de halal. Pourtant, c’est bien là qu’est l’enjeu de cette opération : les poulets Doux sont exportés principalement dans le Golfe et le halal est le fer de lance du groupe. Un audit réalisé au moment du rachat de Doux par Terrena avait démontré que la concurrence du poulet d’entrée de gamme produit au Brésil à partir de soja et de céréales transgéniques handicapait sérieusement l’entreprise bretonne. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles l’entreprise a connu de nombreuses difficultés ces dernières années.

Doux avait alors pris un virage avec une stratégie tournée vers l’Hexagone : le groupe s’était lancé dans la production de poulet frais halal — un poulet riche en Oméga 3, sous la marque FitLife —, tout en préservant les marchés export au Moyen-Orient de poulets congelés.

Le royaume du poulet se vend au plus offrant

La « halalité » des poulets Doux a toujours fait débat au Moyen-Orient. En annonçant, en septembre dernier, avoir identifié que sur les marchés du Moyen-Orient, « il y a une très forte attente pour des produits qui apportent des qualités nutritionnelles meilleures », Doux avait reconnu à demi-mots avoir toujours proposé du halal bas de gamme. Le groupe avait annoncé à l’époque qu’il ferait produire son poulet bas de gamme chez un partenaire européen, « plus compétitif et à coûts plus faibles » que lui. Il s’agissait de MHP, un groupe ukrainien qui s’est également positionné pour reprendre Doux. L’Ukrainien avait proposé d’investir 76 millions d’euros pour construire une nouvelle usine à Châteaulin.

Désormais, bien aidé par l’action de Jean-Yves Le Drian, qui a rencontré le roi Salmane pour parler du sujet, Terrena va offrir à Al Munajem, le principal client de Doux, « l’exploitation de l’abattoir de Châteaulin redimensionné à ses besoins pour le marché du grand export sur l’Arabie Saoudite principalement. L’offre inclut la reprise de 347 salariés », peut-on lire dans le communiqué.

Les Saoudiens vont donc exploiter un abattoir… en Bretagne. De quoi inquiéter les près de 350 salariés ? Dans le royaume wahhabite, les syndicats, la négociation collective, les grèves et les manifestations sont interdits. La CGT, FO, la CFDT et la CFTC, les quatre principales organisations syndicales du site, sont prévenues.

L’autre information de cette offre saoudienne, c’est qu’Al Munajem a proposé de racheter le nom de Doux pour le Golfe. Désormais, les Saoudiens pourront donc vendre, sous le nom de la marque « made in France » du poulet brésilien sans avoir à en référer au groupe breton. Al Munajem est arrivé à ses fins. Quant à Terrena, en se séparant de Doux, la coopérative est-elle en train de se désengager du halal dans le domaine de la volaille ?

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