Le Quick d’Agde ne doit pas devenir halal. Tel est le message lancé par le maire de la ville, Gilles d’Ettore. Alors que le groupe Bertrand envisage de transformer le Quick d’Agde en restaurant halal, l’édile s’est lancé dans une croisade contre ce changement de stratégie.
Fin 2015, l’enseigne Quick en France avait été rachetée par le groupe détenant Burger King. Alors que la plupart des restaurants ont entamé leur transformation pour devenir des Burger King, une quarantaine d’entre eux garderont la marque Quick et deviendront exclusivement halal.
« Cela va à l’encontre des valeurs de la République »
Ce passage au tout halal est, pour les restaurants Quick concernés, l’assurance de faire un meilleur chiffre d’affaires : ce dernier double, voire même triple, lorsqu’un fast-food propose de la viande halal. Or, indique le groupe Bertrand à Midi-Libre, le restaurant d’Agde, ouvert depuis 2007 « n’a pas atteint les objectifs commerciaux escomptés. Cette situation économique nous conduit à étudier différentes options. »
Parmi ces options, donc, le passage à des menus halal. Le groupe détenteur de la marque est actuellement en « négociations », notamment avec le maire qui affirme avoir « rencontré les responsables parisiens » dans son bureau la semaine dernière. Gilles d’Ettore assure leur avoir dit tout le mal qu’il en pensait.
Mais qu’est-ce qui gêne autant le maire ? Selon lui, c’est la certification ARGML. Quick est en effet partenaire du label halal de la Grande mosquée de Lyon. Or, explique Gilles d’Ettore, « le Quick d’Agde servirait finalement à financer la mosquée de Lyon » et, pour lui, c’est inacceptable. Le maire affirme avoir dit aux dirigeants du groupe Bertrand « que ce n’était pas l’idée qu’(il se) faisait de la France. » Pour Gilles d’Ettore, « jouer aujourd’hui sur le côté communautariste, cela va à l’encontre des valeurs de la République. »
« S’ils insistent, j’appellerai les Agathois à dénoncer cette dérive »
Parmi les valeurs défendues par Gilles d’Ettore, le laïcité… qui n’interdit pourtant pas la restauration halal. Passé par les renseignements généraux, le maire mélange tout et parle de halal et d’islamisme radical. « Cela fait trente ans que l’intégrisme gangrène la France. Et quand on me dit que l’on va apposer le logo de la mosquée de Lyon pour certifier l’origine halal des produits, je m’insurge », explique-t-il à Midi-Libre. Gilles d’Ettore estime « qu’il y a une impérieuse nécessité de retrouver des valeurs de laïcité » et qu’il est déterminé à se porter « garant de cette idée de la France. » Une France sans halal, donc.
Mais la croisade du maire semble perdue d’avance : les enjeux financiers du groupe Bertrand semblent indiquer qu’un Quick halal permettrait de sauver le restaurant d’Agde et de sauver ainsi des emplois. Mais Gilles d’Ettore promet de faire du bruit pour s’opposer à cette option : « S’ils insistent, j’appellerai les Agathois qui ont la même idée de la France que moi à venir manifester et dénoncer cette dérive », assure le maire, sans rire.