A l’image de la société, le foot est en train de s’islamiser. Avec presque 20% de joueurs musulmans en équipe nationale , la religion s’installe doucement dans les vestiaires, un phénomène qui oblige les clubs à s’adapter à une nouvelle donne: le foot halal.
Le foot et la religion ne font plus deux
Le débat sur le rapport entre le foot et la religion, l’islam en particulier, a suscité l’intérêt de Nicolas Vilas, journaliste sportif. Ce dernier vient de publier un ouvrage « Dieu Football Club » dans lequel il relève les différentes attitudes des responsables de clubs sportifs face aux pratiques religieuses de leurs joueurs. Pour certains dirigeants, un joueur croyant est plus responsable et facile à maîtriser. « Les présidents préfèrent acheter des joueurs croyants, peu importe la religion. Un joueur pieu, marié et père, c’est beaucoup plus facile à gérer parce qu’il se disperse moins, même si on n’est jamais à l’abri d’un dérapage », déclare un agent sportif. Dans des cas extrêmes, il affirme même que certains agents invitent les joueurs à faire des signes religieux afin d’être plus attractifs sur la pelouse, l’objectif étant d’avoir plus de valeur sur le marché des transferts. Le star-system du football fait que la visibilité de l’Islam et sa promotion sont assurés par ces jeunes joueurs d’origine maghrébine ou africaine convertis à l’islam. L’un des dirigeants d’un club professionnel va jusqu’à considérer la religion comme un critère de recrutement parmi de « nombreux autres critères ». De ce fait, foot et religion font bon ménage et on peut désormais parler de foot halal.
Le foot halal : retour sur expérience
C’est surtout pendant les grands tournois médiatisés que la notion de foot halal est échangée. Ainsi, lors du Mondial 2014, l’Algérie a choisi le site de Sorocaba pour le séjour de l’équipe. La disponibilité de la nourriture halal aurait pesé dans ce choix d’autant que la compétition avait lieu pendant le mois saint de ramadan. Lors du tournoi, l’équipe de France a choisi de dorloter son équipe et ses joueurs musulmans en mettant en place des menus halal. Cette pratique a été mal digérée par quelques islamophobes qui n’arrivent pas encore à comprendre que leurs compatriotes puissent être musulmans. A l’échelle locale, le club du PSG garantit pour ses joueurs musulmans des menus halal : « Cinq de nos joueurs mangent exclusivement de la viande halal. Nous vous demandons de prévoir cinq portions de poulet halal et de bœuf halal pour notre séjour » exige le club lors de ses déplacements aux hôtels qui les accueillent.
L’islamophobie s’invite sur la pelouse
Mais ceci ne va pas sans provoquer des réactions stupides de la part des habituels islamophobes et porteurs de préjugés. Après la polémique du halal autour des menus des écoliers, c’est autour des vestiaires sportifs que viennent rôder les habituels racistes et islamophobes. Les joueurs du FC Morez, une équipe de 2ème division, ont eu droit à une très mauvaise surprise en rentrant dans les vestiaires. Comptant deux joueurs musulmans parmi ses membres, le team a trouvé une boîte de lardons éventrée répandus dans les vestiaires, consternation devant la stupidité de certains… Rappelons aussi les ripostes suite à la décision de la Fédération internationale de football (FIFA) d’intégrer le voile dans les règles du football féminin et des réactions de la Fédération française. Cette dernière considérait qu’«Autoriser le voile dans le foot, c’est mépriser la femme». Sur la pelouse ou en dehors des terrains une chose est sûre : on est pas sortis de l’auberge, et elle n’est pas très halal …
La FIFA intègre le port du voile dans les règles du football. Les instances du foot français n’approuvent pas… http://t.co/llDldBNxG4
— CCIF (@ccif) 4 Mars 2014