Conseillère spéciale de l’Etat, porte-parole de la Présidence de la République birmane et ministre des Affaires étrangères, Aung San Suu Kyi est passée du statut d’icône — avec son prix Nobel de la Paix obtenu en 1991 — à celui de complice d’un génocide qui n’en finit plus.
Après un discours en demi-teinte lors duquel elle s’est dite « profondément désolée pour les souffrances » des Rohingyas, Aung San Suu Kyi n’a cependant jamais pointé la responsabilité de l’armée dans l’épuration ethnique à l’encontre de la minorité musulmane birmane, ni celle des nationalistes bouddhistes.
Un million de réfugiés parqués dans les camps à la frontière avec le Bangladesh
En délicatesse à l’international — à défaut de pouvoir lui retirer son prix Nobel de la Paix, l’Université catholique de Louvain a retiré son nom d’une chaire et celle d’Oxford a supprimé un portrait de la ministre —, Aung San Suu Kyi a décidé de se rendre en zone de conflit. Une journée lors de laquelle la porte-parole de la présidence s’est rendue à Sittwe, à Maungdaw et à Buthidaung.
Une véritable opération de communication pas forcément bien accueillie, puisqu’Aung San Suu Kyi est allée en zone rohingya avec plusieurs ministres et une délégation d’hommes d’affaires alors que les ONG attendaient une aide à l’action humanitaire : plus de 5 000 personnes attendent nourriture et eau, actuellement, alors qu’un million de réfugiés sont parqués dans les camps à la frontière avec le Bangladesh.
« Je ne suis pas Mère Teresa, j’ai toujours été une femme politique »
Outre la situation très préoccupante dans laquelle sont plongés les Rohingyas, ces derniers sont habituellement victimes de discriminations en Birmanie, où ils sont considérés comme apatrides et ne peuvent donc ni voyager, ni avoir de papiers d’identité, ni même accéder au marché du travail et à la santé.
A défaut de promettre une amélioration des conditions de vie des Rohingyas, Aung San Suu Kyi s’est refait une image plus humaine auprès de la communauté internationale, elle qui déclarait à l’époque : « Je ne suis pas Mère Teresa, j’ai toujours été une femme politique. » Le prix Nobel de la Paix 1991 a rapidement appris les ficelles du métier.