L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire le signal d’alarme sur l’étendue de l’épidémie de choléra. Selon elle, plus de 100 cas ont été détectés. La moitié de la population du Yemen n’a pas accès à l’eau potable. Le 27 avril, un des porte-parole de l’OMS faisait état de « 101 820 cas suspects de choléra et 789 décès ont été signalés dans 19 provinces » depuis l’apparition de la maladie. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Selon l’OMS, chaque heure, une personne meurt du choléra au Yemen. Le pays est réellement au bord du chaos — en plus du conflit qui a fait 8 000 morts et 45 000 blessés en deux ans, selon l’ONU. La sécurité alimentaire de 17 millions de personnes est menacée et presque 7 millions sont à « un pas de la famine », comme l’explique Stephen O’Brien, coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies.
L’insécurité qui règne dans le pays rend de plus en plus difficile le travail des ONG, d’autant que les deux années de conflits ont endommagé ou dévasté les hôpitaux. Les responsables de l’hôpital d’Al-Sabiine, situé dans la capitale yéménite, sont totalement désarmés face à une situation qui ne fait qu’empirer. « Depuis deux semaines, nous accueillons un grand nombre de malades, au rythme d’un à deux voire trois, par minute », s’inquiète Ismaïl Mansouri, médecin dans cet hôpital qui a dû installer des tentes aux alentours pour pallier le manque de place. Maher al-Hada, du Centre de lutte contre le choléra, déplore « une augmentation très inquiétante » du nombre de nouveaux malades, « plus de 300 par jour », accueillis dans son établissement confronté lui aussi à un manque de moyens, de médicaments et d’effectifs.