Après l’Ayatollah Khamenei lundi, c’était au tour hier du président iranien Hassan Rohani de fustiger l’Arabie Saoudite pour ses graves manquements sécuritaires concernant la tragédie survenue lors du Hajj de 2015, au cours de laquelle ont péri 464 Iraniens.
Après le religieux, le politique. Les plus hauts dirigeants de l’Iran se succèdent ces derniers jours pour dénoncer avec véhémence l’attitude de leur meilleur ennemi, l’Arabie Saoudite. Lundi dernier, dans le cadre d’un message adressé à la oumma à l’occasion de l’ouverture du Hajj, l’Ayatollah Ali Khamenei a appelé les musulmans du monde entier à décharger l’Arabie Saoudite de sa mainmise sur les lieux saints de la Mecque et de Médine. En cause, le bilan catastrophique de l’immense bousculade qui a eu lieu durant le pèlerinage le 24 septembre 2015, et qui s’est soldé par plus de 2 300 morts. Dont 464 Iraniens.
Hier, c’était au tour du président Hassan Rohani de fustiger la gestion saoudienne d’un pilier majeur de la foi musulmane. Le chef de l’Etat ne digère toujours pas la perte de ses centaines de compatriotes lors de la tragédie de Mina en 2015. « Le Gouvernement et le système de la république d’Iran ne pardonneront jamais le sang versé de ses martyrs lors du drame de Mina », a-t-il proclamé mercredi. Après avoir qualifié de « tragédie énorme pour l’humanité » la mort de « musulmans hommes et femmes » sur la « terre de Mina », le président iranien a remis en question la gestion du pèlerinage et de ses rituels par les autorités saoudiennes, les accusant de la mort de toutes ces victimes en détaillant leurs défaillances. « Au lieu de porter secours aux pèlerins piétinés par la foule, les agents saoudiens sont restés les bras croisés et n’ont absolument rien tenté pour sauver leur vie », a-t-il souligné.
Pas de pèlerins iraniens au Hajj cette année
Un événement qui a conduit au pourrissement des relations entre les deux grandes puissances du Golfe. Tout en faisant savoir que l’Iran suivrait de près l’instruction de l’affaire par les « institutions internationales compétentes » mandatées pour éclaircir les zones d’ombre de la catastrophe, Rohani a expliqué la rupture, par l’Arabie Saoudite, de leurs relations diplomatiques par la pression politique et juridique exercée par Téhéran pour qu’elle rende des comptes.
Mais l’Iran ne veut pas faire cavalier seul dans l’accusation de son voisin. Comme Ali Khamenei en début de semaine, Hassan Rohani a enjoint tous les pays de la communauté musulmane à prendre des mesures cohérentes pour « punir » le gouvernement saoudien. Il a ajouté qu’une telle coalition devrait également contraindre le royaume wahhabite à stopper « son soutien et le financement des groupes terroristes », et de mettre fin à son « agression militaire » au Yémen. L’Iran a déjà mis en oeuvre ses recommandations, en décidant de ne pas envoyer de pèlerins au Hajj de 2016 suite au rejet par l’Arabie Saoudite des conditions de sécurité qu’il lui avait réclamées. Seule l’Algérie avait aussi décidé plus tôt dans l’année de ne pas envoyer de pèlerins.