« Les lois de ce pays priment sur les règles religieuses. » Pour le ministre flamand du Bien-être animal, Ben Weyts, l’abattage sans étourdissement doit être interdit en Belgique. De quoi mettre en émoi les communautés juive et musulmane. Car cette décision, sur laquelle les parlementaires de la majorité se sont mis d’accord, pourrait bien signifier la fin de l’abattage rituel strict. L’Exécutif des musulmans de Belgique et l’Association juive européenne, un lobby basé à Bruxelles, ont tous deux condamné la volonté de la Belgique d’obliger les abattoirs à pratiquer l’étourdissement. Mais pour le ministre Ben Weyts, les revendications des autorités religieuses ne doivent pas influer sur la future loi : « Les règles doivent être respectées par tout le monde, quelle que soit la personne ou de croyance. En fin du compte ce sont les hommes politiques qui décident et pas les communautés religieuses et notre décision sera appliquée en toute sérénité », a-t-il indiqué.
Halal et casher ne sont pas synonymes de maltraitance animale
C’est la souffrance animale qui est au cœur du débat. Du côté des musulmans, on se dit prêt « à étudier toutes les pistes pouvant mener à une amélioration du bien-être animal, en diminuant autant que possible la souffrance animale. » Mais la position du Conseil des théologiens de l’Exécutif reste « inchangée à ce jour » : l’étourdissement est interdit et doit le rester. Même son de cloches du côté de l’Association juive européenne. Son responsable, Menachem Margolin, exhorte les autorités à ne pas faire d’amalgame entre abattage rituel et souffrance animale : « Arrêtons de prétendre qu’interdire l’abattage rituel cache ait quelque chose à voir avec le bien-être animal », dit-il. Selon le rabbin, estimer que le halal et le casher est contraire au bien-être animal est « douteux, déconcertant et contraire aux preuves » scientifiques.
Interdire l’abattage rituel : la première mesure des nazis
Le combat de Ben Weyts contre l’abattage rituel n’est pas nouveau. En 2015, le ministre avait interdit l’abattage sans étourdissement dans les abattoirs temporaires mis en place à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd. L’objectif aujourd’hui est d’en finir petit à petit avec l’abattage sans étourdissement pour en arriver, à l’horizon 2019, à pratiquer un abattage avec étourdissement dans tous les abattoirs. Pour le Consistoire central israélite, cet objectif représente « une crise sans précédent, la plus grave même depuis la Seconde Guerre mondiale. » La communauté juive rappelle que l’interdiction du casher avait été une des premières mesures prises par les nazis. Les juifs, comme les musulmans, déplorent que, pour la décision finale, seuls les avis de la fédération des producteurs de viande et le conseil wallon du bien-être animal seront pris en compte.