En Europe, la question de l’abattage rituel fait rage. Qu’il soit halal ou casher. Alors qu’en Belgique, l’on débat sur l’obligation de l’étourdissement avant l’abattage, en France, plusieurs associations ont tenté de soulever cette question pendant la campagne. Mais finalement, l’abattage rituel a été peu débattu, certainement la faute aux affaires qui ont émaillé cette campagne présidentielle. François Fillon s’était risqué, à la fin de l’année 2016, à se prononcer en faveur de l’étourdissement et, donc, à la suppression de la dérogation qui autorise les abattoirs halal et casher à ne pas avoir recours à cette technique. Marine Le Pen vient de lui emboîter le pas. De passage à Rungis, la candidate Front National a estimé que l’abattage sans étourdissement n’a plus lieu d’être : « l’abattage sans étourdissement préalable, je suis désolée ça devrait faire l’objet d’un étiquetage. D’ailleurs je pense que l’abattage sans étourdissement préalable, ça devrait être interdit », a ainsi déclaré Marine Le Pen ce mardi.
Marine Le Pen veut « en finir avec ces traitements moyenâgeux »
Depuis plusieurs années, la présidente du FN surfe sur les peurs des Français. Et cette campagne présidentielle n’a pas échappé à la règle. A 30 millions d’amis, elle indique que, « selon la Chambre d’agriculture d’Île-de-France, 100 % de la viande abattue dans la région est halal. » Ce qui est bien entendu faux, puisque l’organisation précise bien que la viande abattue en Île-de-France est halal mais également casher. « L’abattage rituel fait souffrir les animaux (là aussi, ce n’est pas scientifiquement prouvé, ndlr) mais il pose également de nombreuses questions en termes de traçabilité de la viande et de transparence des produits offerts aux consommateurs, continue Marine Le Pen. L’abattage rituel accroît donc considérablement le stress et la souffrance des animaux abattus, en témoignent les nombreuses vidéos prises dans les abattoirs qui décrivent des animaux égorgés à vif, se tordant de douleur, asphyxiés par leur propre sang. » Marine Le Pen assure donc qu’elle rendra « obligatoire l’étourdissement préalable des animaux avant l’abattage, pour en finir avec ces traitements moyenâgeux. »
Emmanuel Macron veut discuter avec les autorités religieuses juive et musulmane
Du côté d’Emmanuel Macron, concernant le halal et le casher, c’est silence radio. Ou presque. L’association 30 millions d’amis regrette que, « en plus de sous-estimer le travail des associations de protection animale, Emmanuel Macron affiche clairement son manque d’intérêt pour la cause qu’elles défendent. » Celle-ci lui a demandé de s’engager pour l’étourdissement préalable à l’abattage. En ce qui concerne cette question, le candidat d’En Marche ! a tenu à laisser planer le doute : « Le débat doit être respectueux des convictions spirituelles de chacun. Il ne doit déboucher sur aucune décision qui les heurterait », estime le favori de la présidentielle. Ce dernier propose cependant une mesure qui consiste, « pour toute la viande vendue en France (même importée), l’étiquetage » obligatoire pour « préciser la méthode d’abattage. » Emmanuel Macron préconise également le « renforcement de la vidéosurveillance dans les abattoirs », tout comme « les contrôles par les inspecteurs vétérinaires. » Car contrairement à ce qu’affirme Marine Le Pen, si des abattoirs sont souvent épinglés par des associations de défense des animaux, ils concernent tous les types d’abattage et pas seulement le halal.