Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) n’a pas fait dans la demi-mesure pour sa dernière campagne contre le racisme. Loin de l’angélisme de la campagne « On est pareil » lancée par SOS Racisme il y a quelques jours, le Cran a voulu marquer les esprits. Et dénoncer « la ‘lepénisation’ des esprits », à moins de deux semaines du second tour de la présidentielle qui opposera Marine Le Pen à Emmanuel Macron. Le concept : ce lundi, un mannequin a déambulé place de la République à Paris. Sur lui, des inscriptions que les Noirs ou les Maghrébins peuvent régulièrement entendre : « Racaille », « macaque », « sale Arabe » ou encore « enculé de Noir. » Avec des mots choquants, le Cran veut « rappeler aux gens trois choses: l’injure raciste est un délit, elle ouvre la porte à d’autres délits comme l’agression physique, et l’insulte laisse des traces durables sur le corps, comme les cicatrices», affirme Louis-Georges Tin, président de l’association antiraciste qui a, pendant ce happening, distribué des tracts indiquant que « le racisme laisse une trace indélébile. » Le Cran veut ainsi dénoncer la « libération de la parole raciste. » Soutenue par les journalistes Audrey Pulvar et Harry Roselmack, mais aussi par la victime des supporters de Chelsea dans le métro parisien, Souleymane Sylla, la campagne veut faire réfléchir. Et ça fonctionne.