Elle succède – excusez du peu – à Julia Roberts, Angelina Jolie, Reese Witherspoon, Beyoncé, Britney Spears, Rihanna, Gwen Stefani ou encore, tout dernièrement, à Alicia Keys. A 19 ans, Halima Aden fait la une de l’édition de juillet d’Allure. La jeune Somalo-Américaine devient ainsi la première femme voilée à s’afficher en couverture de l’un des magazines féminins américains les plus influents. Une couverture complètement dédiée à son visage soigneusement maquillé, accompagné de quelques mots de légende en guise de description : « Telle est la beauté américaine. Musulmane. Mannequin. Destructrice de stéréotypes. » « Nous voulions que le numéro de juillet soit une ode à la beauté », justifie la rédactrice en chef, Michelle Lee. « L’un des messages clés d’Allure est que nous croyons fermement dans la beauté de toutes les personnes », poursuit-elle. « L’Amérique est, et a toujours été, un melting-pot. L’image de la beauté américaine est si diverse aujourd’hui ! » D’autant qu’Halima Aden, en plus d’être particulièrement photogénique, possède un parcours pour le moins original et admirable. Somalienne d’origine, elle a grandi comme la plupart de ses compatriotes dans un camp de réfugiés au Kenya, avant de prendre la direction des Etats-Unis, où elle s’est installée avec ses parents à l’âge de sept ans. Elle revêt le hijab adolescente, un habit qu’elle considère comme « [sa] couronne ». En dépit de – ou grâce à ? – son voile, elle vient même d’atteindre les demi-finales du concours de Miss Minnesota, l’Etat où sa famille a élu domicile. « Il est presque étonnant qu’il n’y ait pas plus de mannequins voilées : ça devrait être normal (…). Les designers devraient même les rechercher, cela démontrerait que leur entreprise promeut les femmes de toutes origines et de toutes confessions. C’est important. »
La jeune Halima n’est pas peu fière d’être ainsi mise à l’honneur. Réagissant sur son compte Twitter, elle a tenu à exprimer sa gratitude : « D’un camp de réfugiés à la une d’Allure. Merci pour cette opportunité unique. Je suis plus que reconnaissante. » Un tweet « liké » 63 000 fois, et retweeté plus de 28 000 fois depuis une semaine.
From Refugee camp to the cover of @Allure_magazine ! Thank you for the opportunity of a life time ! I am so beyond grateful ❤️ pic.twitter.com/BBv8NUFwUF
— Halima Aden (@Kinglimaa) 20 juin 2017
Ce n’est pourtant pas la première fois que la modèle qui fêtera ses vingt ans en septembre fait la couverture d’un magazine : plus tôt ce mois-ci, son joli minois éclairait la une de Vogue (Arabia). Ni qu’une femme voilée fasse la une, si l’on se rappelle une couverture inattendue de Playboy en octobre 2016, où la journaliste d’origine libyenne Noor Tagouri était mise en avant. Il semble évident que les femmes voilées entendent bien imposer leur style vestimentaire… et que les grands noms de l’industrie ont bien compris la rentabilité d’un tel investissement, en termes d’image à tout le moins. L’équipementier Nike a ainsi sorti une ligne de sportswear avec hijab intégré, de même que Dolce & Gabbana, H&M ou Gap ont utilisé des femmes voilées dans certaines de leurs campagnes publicitaires. Si cela peut en faire des « destructrices de stéréotypes »…