François Bayiga, Adama Traoré et Théo Luhaka. Ces trois noms rappellent que la police peut tuer en France. Trop souvent. Mi-février, des experts du Haut commissariat des Nations Unies ont demandé des comptes à la France sur ces trois affaires qui, selon eux, symbolisent « l’usage excessif de la force par la police concernant trois personnes d’origine africaine ». L’Obs indique, documents à l’appui, que la France a bien répondu aux six experts qui expliquent avoir voulu « tirer au clair » ces trois cas de violences policières. Parmi ces cas, celui d’un Camerounais handicapé qui portait des prothèses, François Bayiga, traité de « nègre » par les policiers et, malgré les violences qu’il a subies, condamné à une amende de 180 euros parce qu’il « comptait uriner » sur les voies de métro. Quant aux deux affaires Théo et Adama, le Haut commissariat des Nations unies demande « une enquête rapide et impartiale », sous-entendant que les forces de l’ordre n’ont pas respecté les droits de l’Homme dans ces deux cas. Surtout, concernant Adama Traoré, le Haut commissariat fait remarquer qu’il existe de nombreuses zones d’ombres dans l’enquête, demande que toute la lumière soit faite et dénonce « les communications mensongères du parquet de Pontoise », à en croire L’Obs.
Des violences policières qui « ne sont pas isolées »
Dans leur lettre aux autorités françaises, les experts du Haut commissariat des Nations unies affirment être « particulièrement préoccupés » car, selon eux, « ces incidents ne sont pas isolés ». Ils dénoncent « la question de l’impunité » des policiers en France et interroge la France sur d’éventuelles mesures qu’elle pourrait prendre pour y mettre un terme. De son côté, dans sa réponse adressée aux experts, le gouvernement français écrit qu’il « conteste fermement les allégations selon lesquelles un usage excessif de la force pourrait rester impuni ». Mais le Haut commissariat des Nations unies persiste et signe : ces trois cas revêtent des « violations graves des droits de l’Homme ». Il demande à être tenu informé des « sanctions pénales, administratives ou disciplinaires » qui pourraient être prises contre les auteurs des actes. De son côté, la France semble particulièrement réfractaire à l’idée de collaborer avec le Haut commissariat et d’indemniser les victimes de violences policières. Les trois policiers qui avaient « contrôlé » François Bayiga ont, par exemple, bénéficié d’un classement sans suite dans ce dossier. Et dans les affaires Théo et Adama, les procédures prennent le même chemin.