Une photographe a réuni des hipsters et des musulmans à qui elle a demandé d’échanger leurs vêtements. Cela donne une expo étonnante, qui permet de lutter contre les préjugés.
L’habit ne fait pas le moine, dit-on. Ni le musulman ? Une photographe néerlandaise, Shirin Mirachor, a décidé de réaliser un travail avec « deux sous-groupes devenus célèbres dans les médias » : les hipsters et les musulmans. Son projet est pour le moins original… Il a consistait à sélectionner des hipsters et des musulmans, tous issus du quartier populaire d’Amsterdam-West, et à les faire échanger leurs vêtements. La photographe a ensuite exposé ses clichés — en taille réelle — dans un quartier d’Anvers. Avec cette série de photographies, l’artiste veut montrer que « plus un quartier est mélangé, plus les groupes d’amis le sont aussi. Cela conduit à une plus grande compréhension de l’autre et à moins de crainte. »
« Parler d’intégration réussie »
Shirin Mirachor a également voulu lutter contre les préjugés, estimant que les médias néerlandais contribuent à opposer les Hollandais « de souche » aux autres. « Les gens sont guidés par l’ignorance et croient sans vérifier tout ce qu’ils voient ou entendent, sans se remettre en question », raconte la photographe qui affirme s’être elle aussi faite juger « juste sur (son) apparence. » Avec son projet, Shirin Mirachor veut parler d’« intégration réussie. » Avant, se souvient-elle, « les juifs, les chrétiens et les Arabes vivaient tous ensemble, (…) il y avait une ambiance positive. » Mais aujourd’hui, poursuit l’artiste, « en fonction de leur tenue, la barbe que portent certains hommes n’est pas perçue de la même façon dans la rue. »
Autrement dit, les musulmans sont victimes de regards suspicieux. Mais les a priori concernent également les hipsters. Ce sont ces a priori auxquels la photographe veut mettre fin. Et son projet est plus qu’efficace, car en tentant de trouver qui est le musulman et qui est le hipster sur chaque photo, les esprits s’embrouillent. Sur son site, on retrouve les témoignages des modèles d’un jour. Ainsi, l’un d’eux, Mohamed, explique : « Je me considère avant tout comme un Amstellodamois. Pourquoi serais-je lié d’une quelconque façon à Daesh ? » « C’est à cause de leur manque de connaissances qu’ils pensent cela », surenchérit un autre des modèles du projet. Un projet intéressant et positif.