Une étude réalisée par l’université suisse de Lucerne casse le mythe de l’« imam Google », dénoncé par de nombreux dirigeants comme, en France, Xavier Bertrand qui estimait il y a un qu’« un certain nombre de jeunes aujourd’hui, avant même d’aller dans les mosquées, c’est sur internet qu’ils trouvent le moyen de se radicaliser. » En effet, selon les chercheurs, qui se sont penchés sur le rapport de jeunes musulmans à l’Islam en leur demandant à quelles autorités religieuses ils se fient, internet jouerait un rôle mineur dans la pratique religieuse. L’auteur de l’étude affirme s’être « intéressé aux musulmans ‘normaux’, méconnus bien qu’ils soient majoritaires. » Et si les résultats concernent les jeunes Suisses, les résultats de l’enquête doivent être similaires pour les jeunes Français.
L’islamophobie incite à s’intéresser à l’Islam
Et la première conclusion des chercheurs, c’est que les campagnes anti-Islam — votation pour l’interdiction des minarets en Suisse, débat sur le port du voile intégral, etc. — poussent les jeunes musulmans à s’intéresser un peu plus à la religion. « Face à la critique de l’Islam dans le débat public, les musulmans se sentent poussés à s’interroger sur leur identité religieuse et à justifier leur position », indiquent les auteurs suisses qui affirment que l’Islam sert aussi de « béquille » à des jeunes en recherche de valeurs morales. S’ils sont au courant de l’islamophobie ambiante, les jeunes ne fuient pas pour autant leur religion. Ils « se voient comme partie intégrante de la société suisse, tout en sachant que les aspects les plus visibles de leur religion les placent dans une situation difficile », assurent les universitaires.
La famille comme pilier
Mais la question principale de l’étude, c’est l’autorité religieuse à laquelle les jeunes se fient. Et c’est là que les réponses vont en surprendre plus d’un. En effet, internet n’arrive pas du tout en première position. S’ils cherchent des réponses à leurs questions dans les Coran, les jeunes Suisses sont également inspirés par des personnalités célèbres — Tariq Ramadan, Pierre Vogel ou encore le président du Conseil central islamique Nicolas Blancho — et des rappeurs. Mais les personnes qui ont le plus d’influence sur la jeunesse musulmane, ce sont les membres de leur famille. Quant aux jeunes musulmans suisses dont les parents ou les grands-parents ont émigré, ils « doivent trouver leur propre voie dans la religion. Ils ont tendance à se distancer des institutions pour adopter une compréhension plus individuelle de la religion », indiquent les chercheurs.