Des associations dénoncent l’islamophobie rampante à Nice et dans d’autres villes de France. Une islamophobie amplifiée depuis l’attaque du 14 juillet sur la promenade des Anglais.
L’acte d’un fou le 14 juillet à Nice a relancé une vague d’actes islamophobes. Dans la ville azuréenne, mais pas seulement. En effet, non loin de Lyon, la mosquée de Bron a été profanée, avec un message haineux à l’encontre de la communauté musulmane : « Dehors ou la mort ». Des messages similaires ont été découverts, mercredi matin, à Lyon. Avec une même signature : « La milice catholique ». A Nice aussi, la parole islamophobe se libère. Des vidéos ont été publiées ces derniers jours dans lesquelles les passants n’hésitent pas à dire haut et fort qu’ils sont « islamophobes ». « J’ai dit que l’Islam est incompatible avec l’Occident. Le Coran est incompatible avec le mode de vie occidental, et je le maintiens », explique par exemple un Niçois.
Une musulmane morte ? « Une en moins ! »
La fille de Fatima Charrihi raconte elle aussi, dans L’Obs, les propos islamophobes de personnes rencontrées à Nice. Sa mère, musulmane, fut l’une des premières victimes du conducteur fou. « Ma mère était une femme aimante, dévouée, dotée d’une grande gentillesse. C’était aussi une croyante, une vraie. Elle portait le foulard et pratiquait un islam juste. C’est elle qui nous a transmis les vraies valeurs de la religion musulmane », explique la jeune femme, qui affirme avoir voulu déposer des fleurs en hommage à sa mère au lendemain du drame. « Sur le chemin, nous avons été alpagués par un homme qui nous a dit : ‘On ne veut plus de vous chez nous’ », affirme-t-elle, peinée. « Plus tard, continue-t-elle, un homme assis à la terrasse nous a balancé : ‘Maintenant, vous sortez en meute’ ». Lorsqu’il explique que sa mère faisait partie des victimes, l’homme répond : « Tant mieux, ça fait un en moins. »
Feiza Ben Mohamed, porte-parole de la Fédération des musulmans du Sud, affirme s’être rendue tous les jours sur la promenade des Anglais, à Nice, bien avant l’attaque. « A chaque fois j’ai été témoin d’éclats de voix. Des femmes se font traiter de ‘sales voileuses’, de ‘sales arabes’, on leur dit ‘cassez-vous’, ‘vous êtes complices des terroristes’ ». Une situation insupportable qui touche majoritairement les femmes, explique la porte-parole. Les insultes islamophobes sont souvent proférées « par des hommes d’âge mûr, parfois accompagnés de leurs femmes qui prennent le relais », assure Feiza Ben Mohamed, dont la Fédération a reçu au moins six plaintes de femmes à qui l’on demande de « rentrer chez elles ».