Des chercheurs et chercheuses ont décidé de faire « 100 propositions pour la France », en collaboration avec le magazine en ligne Slate. L’objectif ? « Insuffler du carburant dans les débats » et « mettre en valeur la recherche française, trop sous-exploitée dans les politiques publiques. » Parmi les idées évoquées par le monde de la recherche, celle de « créer une fonction de Haut commissaire aux droits humains » ou encore d’« instaurer de vraies polices urbaines territorialisées. » Les chercheurs et chercheuses se sont également attardés sur un des sujets qui agite le débat lors de cette campagne présidentielle : l’Islam, et plus particulièrement le financement du culte musulman. C’est Christine Delphy, sociologue française et chercheuse du CNRS, qui s’est collée à ce sujet.
Financer équitablement la construction des mosquées
La chercheuse estime qu’il faut « financer équitablement la construction des mosquées. » Car selon elle, « la liberté et l’égalité affirmées dans la loi de 1905 ne sont pas respectées. » Pour la sociologue, en effet, « l’Islam n’est pas traité dans l’égalité des autres religions. » Là où la loi de 1905 prévoit l’« égalité entre les religions, mais aussi entre les croyants et les athées », certaines personnes défendent becs et ongles la laïcité. Des personnes qui, estime la chercheuse, « se retrouvent dans une position minoritaire et défensive. » Or, précise Christine Delphy, les musulmans voient aujourd’hui « leurs libertés restreintes, de multiples façons — lois sur le foulard, puis sur le voile, exigence d’un Islam ‘de France’, contrôlé par Chevènement, avec la menace d’une obligation de prêches en français, à laquelle nulle autre religion n’est soumise, interdiction des ‘prières de rue’ alors que les catholiques se massent dans les endroits publics pour écouter le Pape, et bien d’autres atteintes à l’égalité. »
Attribuer des fonds publics à la construction de mosquées
Selon la sociologue, « l’un des signes de cette intolérance est le refus de laisser se construire de nouvelles mosquées. » Un refus non justifié par les textes français, et notamment par une circulaire de 2011 adressée par le ministre de l’Intérieur aux préfets, dans laquelle on peut lire qu’« il ne peut y avoir de liberté de culte s’il n’y a pas libre disposition de locaux adaptés aux célébrations publiques. » Pour Christine Delphy, alors que la réparation et l’entretien des lieux de culte catholiques se font souvent avec des financements publics, il faut aujourd’hui « comptabiliser les sommes dépensées sur une année pour conserver les 40 000 églises catholiques, les subventions allouées aux 400 synagogues et aux 1100 temples », puis « calculer une somme au prorata de la fréquentation, et l’attribuer à la construction de mosquées. » Une proposition selon elle « équitable et conforme à la loi », indispensables à l’établissement d’une « paix sociale. »