L’annonce est à la mesure de la victoire du Parti Bharatiya Janata (BJP) aux élections régionales : écrasante. Car ce parti de droite nationaliste hindoue a propulsé un maître de yoga ouvertement islamophobe à la tête de l’Etat d’Uttar Pradesh, le plus peuplé d’un pays qui compte plus d’1,2 milliard d’habitants. A 44 ans, dont plus de la moitié consacrée à une carrière à cheval entre la politique et la religion, Yogi Adityanath a clairement appelé à une Inde hindoue – alors que le pays est officiellement laïc. Parmi les cibles de ses accusations aussi dures que régulières, se trouvent pêle-mêle les minorités – à commencer par la musulmane -, les carnivores, l’action de Mère Teresa et les anti-yoga. Celui qui a étudié les mathématiques avant d’entrer dans les ordres, a ainsi comparé la star de Bollywood Shah Rukh Khan – issu d’une famille musulmane – avec un terroriste pakistanais et a applaudi le décret anti-migratoire contre des ressortissants de pays musulmans du président américain Donald Trump. Au point de déclarer u’en Inde, « des mesures similaires devraient être prises pour endiguer le terrorisme ». Adityanah a souvent franchi les limites, ce qui lui a même valu d’être incarcéré pour incitation à la violence : en soutenant la reconstruction d’un temple dédié à une divinité hindoue – Rama – sur le site d’une ancienne mosquée, il avait généré de violents heurts entre les fidèles des deux communautés.
Consécration de la droite « dure »
Aussi, sa nomination comme gouverneur de l’Etat d’Uttar Pradesh, situé au nord de l’Inde, à la frontière népalaise et peuplé de 200 millions d’habitants, est accueillie comme un signe de reconnaissance du BJP – au pouvoir depuis 2014, après avoir dirigé une première fois le sous-continent de 1998 à 2004 – envers sa frange hindouiste la plus conservatrice. Alors que le Premier ministre, Narendra Nodi, a pour sa part toujours joué l’apaisement et appelé au calme à chaque flambée de tensions religieuses. Bien loin en tout cas d’un Adityanath qui a défendu ceux qui avaient lynché un musulman accusé d’avoir tué une vache… Commentant la nomination du yogi polémique et de son cabinet ce dimanche, le Premier ministre a souligné la priorité économique assignée aux nouveaux hommes forts de l’Uttar Pradesh. « Notre seule mission est le développement : quand l’Uttar Pradesh se développe, toute l’Inde se développe », a-t-il ainsi affirmé. Des déclarations dont le yogi Adityanath s’est immédiatement fait l’écho : « Je suis sûr que l’Etat se dirigera vers la voie du développement ». Tant qu’il ne s’agira pas du développement des tensions intercommunautaires…