Ces partis ont effectué cette recommandation à l’ouverture, par le président Reuven Rivlin, des consultations avec les partis politiques pour désigner celui qui sera chargé de former un gouvernement de coalition, dans le sillage des législatives du 17 septembre.
Au terme de ce scrutin, le parti centriste Kahol Lavan (« Bleu-blanc ») de M. Gantz a obtenu 33 sièges sur les 120 du Parlement, contre 31 pour le Likoud (droite) de M. Netanyahu, Premier ministre sortant et le plus pérenne de l’histoire d’Israël à ce poste (13 ans de pouvoir au total).
Mais, en comptant leurs alliés, les deux grands rivaux restent incapables d’atteindre le nombre de 61 députés, seuil de la majorité absolue.
Le président Rivlin, dont la fonction est quasi symbolique, a débuté dimanche soir les consultations afin d’arbitrer le différend. Sans se prononcer dans le détail, il a annoncé la couleur: « Je suis convaincu qu’il faut former un gouvernement stable avec les deux grands partis », le Likoud et Bleu-Blanc ». « C’est la volonté du peuple », a-t-il argué.
« Faire chuter Netanyahu »
Mais une grande question demeure: qui pourra diriger cet éventuel gouvernement de coalition?
La « Liste unie » des partis arabes israéliens d’Ayman Odeh, devenue la troisième force politique du pays avec 13 sièges, a causé la surprise en répondant: Benny Gantz.
« Sous l’ère Netanyahu, nous sommes devenus non légitimes dans la politique israélienne (…). Nous cherchons donc à empêcher Netanyahu d’être Premier ministre », a déclaré M. Odeh au président Rivlin.
C’est pourquoi « nous recommandons cette fois Benny Gantz pour former le prochain gouvernement », a-t-il ajouté.
Il s’agit de la première fois depuis 1992 que des partis majoritairement arabes soutiennent un candidat au poste de Premier ministre en Israël.
A l’époque, ils avaient soutenu Yitzhak Rabin, assassiné trois ans plus tard par un extrémiste juif opposé aux accords de paix israélo-palestiniens d’Oslo.
« Aujourd’hui, nous écrivons l’histoire: nous ferons tout ce qui est nécessaire pour faire chuter Netanyahu », a renchéri Ahmad Tibi, un cadre de la Liste arabe unie.
Cet appui des partis arabes ne permet pas pour l’instant à Benny Gantz de franchir le seuil des 61 députés.
Mais il envoie un message clair au président que la troisième force politique du pays ne souhaite pas voir M. Netanyahu comme chef d’une éventuelle coalition incluant, entre autres, le Likoud et « Bleu-blanc ».
Le Likoud a aussitôt dénoncé ce soutien à Benny Gantz, affirmant qu’il était « interdit qu’un gouvernement puisse se former en se basant sur les partis arabes opposés à l’Etat d’Israël ».
Les « ennemis » arabes
L’autre personnage clé de ce dimanche a été Avigdor Lieberman. Cet ancien ministre de la Défense et ex-allié de M. Netanyahu a fait le choix du non-choix.
Le chef de la formation nationaliste laïque Israel Beitenou avait mené sa campagne électorale contre les partis juifs ultra-orthodoxes, alliés traditionnels du Premier ministre sortant, auxquels il reproche de vouloir transformer Israël en théocratie juive.
« Nous ne ferons pas partie du bloc avec les haredim (juifs ultra-orthodoxes, NDLR) et les messianistes. Nous ne recommanderons pas Netanyahu au président pour cette raison », a déclaré M. Lieberman lors d’une conférence de presse avant sa rencontre avec Reuven Rivlin.
Et « nous ne pouvons pas recommander Benny Gantz qui envisage un gouvernement soutenu par la liste arabe », a-t-il ajouté. « Les haredim sont nos adversaires politiques, mais les Arabes sont nos ennemis », a-t-il asséné.
M. Lieberman souhaite former un gouvernement d’union avec le parti « Bleu-blanc » de M. Gantz et le Likoud de M. Netanyahu mais a ainsi refusé, du moins pour l’instant, de soutenir l’un ou l’autre de ces ténors pour diriger le gouvernement.
Pour Benjamin Netanyahu, l’issue de ces consultations engage sa survie politique. Après avoir joué son va-tout mardi dernier, il risque de perdre la mise pour une rare fois dans sa longue carrière politique.
Ces tractations sont d’autant plus cruciales pour lui qu’il doit être auditionné par la justice début octobre pour des affaires de « corruption », « d’abus de confiance » et de « malversations ».
Le « roi Bibi » cherche à obtenir une immunité du Parlement au cas où il serait inculpé, mais cette immunité pourrait être plus difficile à obtenir des parlementaires s’il ne dirige pas le prochain gouvernement.