« Bienheureux celui qui parle arabe ». Tel était le slogan de la publicité affichée dans les rues de Turin par le musée des Antiquités égyptiennes de la ville, et à l’origine du déclenchement d’une polémique politique.
L’extrême-droite italienne s’est en effet offusquée de ce message et a accusé le directeur du musée, de discrimination envers les Italiens. Certains responsables politiques demandent même sa démission.
Pourtant, cette initiative partait d’une bonne intention selon le musée. L’idée était d’accorder aux arabophones une réduction pendant trois mois, soit deux tickets pour le prix d’un, sur présentation d’une pièce d’identité. Le musée visait les « nouveaux Italiens », c’est-à-dire les immigrés de la ville.
Il y aurait à Turin et sa province environ 4 700 citoyens égyptiens et 24 000 arabophones. C’est à eux principalement que s’adressait cette publicité en arabe. « Nous le faisons pour inclure tout le monde, nous ne voulons pas créer de barrières mais des ponts », a déclaré le directeur, Christian Greco.
Il a également expliqué que les tarifs réduits et les promotions proposées par le musée sont courantes. Le 14 février l’entrée est notamment gratuite pour les couples, le jeudi, gratuite pour les étudiants.
Mais l’extrême-droite et notamment la Ligue du Nord (qui a récemment fait parler d’elle lors de la fusillade raciste menée par l’un de leurs sympathisants) se sont immédiatement mobilisées contre cette initiative qu’elles jugent raciste. Matteo Salvini, le leader du parti xénophobe l’a qualifiée de « délirante ».
« Les responsables de cette folie devraient demander pardon et démissionner » a t-il déclaré.
Une manifestation contre ‘l’islamisation’ soi-disant prônée par le musée
Le musée d’égyptologie aurait pourtant déjà adopté cette initiative de discrimination positive l’an dernier. Mais à quelques semaines des élections législatives (le 4 mars), la promotion n’est cette fois-ci pas passée inaperçue.
Le 9 février dernier, une manifestation a même eu lieu devant le musée. Giorgia Meloni, la présidente de Fratelli d’Italia, un autre parti d’extrême-droite, a scandé en tête du cortège : « Non à l’islamisation ».
Ce à quoi le directeur du musée lui a répondu en personne, lui faisant remarquer qu’en Egypte, « il y a quinze millions de Coptes qui sont des chrétiens ».
Les membres du parti se sont également indignés que le musée reçoive des subventions publiques tout en proposant des promotions suivant la nationalité des visiteurs. « Quand nous serons au pouvoir, je veillerai personnellement à la nomination des directeurs de musée », a déclaré Federico Mollicone, le porte-parole de Fratelli d’Italia. Cependant le musée de Turin n’est pas un musée national mais une fondation privée.
Suite à cette polémique qui a pris beaucoup d’ampleur sur les réseaux sociaux, le ministre de la Culture, Dario Franceschini, a pris la défense du directeur. Il a estimé que ce n’était pas à la droite de chasser des directeurs de musée qui ne leur obéissent pas.