Le 11 juin, la Cour suprême israélienne avait validé la vente, réalisée plus d’une décennie auparavant, de trois bâtiments de l’Eglise grecque-orthodoxe, situés dans le quartier chrétien de la Vieille ville de Jérusalem, à des entreprises liées à l’association juive israélienne Ateret Cohanim.
Cette organisation de colons israéliens a pour vocation de « judaïser » la Ville sainte et rachète des maisons dans la Vieille ville depuis des années, grâce à des sociétés écran.
Avec cette vente, Ateret Cohanim devient propriétaire de la majorité des bâtiments situés entre la porte de Jaffa, une des entrées principales de la Vieille ville, et le marché arabe.
Jeudi, des représentants des différentes églises chrétiennes, dont Théophile III le patriarche grec-orthodoxe, ont prié en arabe, grec et anglais « pour la paix » à Jérusalem, devant l’hôtel Petra et l’Imperial Hotel passés aux mains des colons. Ils ont exprimé leur soutien aux locataires qui doivent être expulsés.
Le patriarche a dénoncé les actions « des groupes extrémistes qui tentent d’affaiblir l’unité et l’identité du quartier chrétien ».
« Les colons veulent s’approprier notre héritage », a expliqué à l’AFP le porte-parole de l’Eglise grecque-orthodoxe Issa Musleh, affirmant que la vente s’est faite grâce à des documents falsifiés.
Cette acquisition avait provoqué la colère des Palestiniens et entraîné la destitution en 2005 du patriarche Irénéos Ier.
L’Eglise avait engagé des poursuites contre Ateret Cohanim, affirmant que ces acquisitions avaient été conclues illégalement et sans son autorisation.
Le Patriarcat grec-orthodoxe a souvent été accusé par les Palestiniens de vendre ou louer ses biens fonciers à Israël.
« Nous avons honte des actions du patriarche » Théophile III, a confié à l’AFP un haut responsable chrétien, préférant rester anonyme. « Nous savons qu’il existe de nombreuses propriétés qui ont été vendues ».
Quelque 320.000 Palestiniens tentent de rester implantés à Jérusalem-Est, occupée depuis 1967 et annexée par Israël, annexion illégale selon le droit international. Ils espèrent y établir la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
Israël considère Jérusalem comme sa capitale « indivisible ».
Les juifs installés à Jérusalem-Est sont passés de quelques centaines en 1967 à 210.000 actuellement.
Les Palestiniens dénoncent une entreprise de « judaïsation » et vendre sa propriété à un juif est pour eux une transgression absolue.