Donald Trump a fait sien le proverbe « Les bons murs font les bons amis ». En Jordanie, on préfère certainement davantage suivre le précepte coranique qui enjoint : « (…) Agissez avec bonté envers vos père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain » (Sourate En-Nissa, n°4, verset 36). Le pays est en effet un « modèle à suivre » en matière d’accueil et d’intégration des réfugiés, en l’occurrence provenant de la Syrie voisine. Selon l’UNHCR, ils sont plus de 7000 à travailler dans leur pays hôte et ainsi, à mener une vie presque normale et, surtout, digne. L’augmentation du nombre de réfugiés qui ont pu trouver du travail dans les usines jordaniennes est la résultante, également, d’un accord euro-jordanien signé en février 2016, qui avait pour but de permettre aux Syriens ayant fui leur pays en guerre de travailler en Jordanie et d’y conserver leurs droits professionnels. En échange, l’Union européenne a offert des réductions significatives de droits de douane pour les entreprises jordaniennes exportatrices où 15% au moins du personnel est constitué de réfugiés syriens. Un privilège commercial qui leur sera garanti pendant dix ans.
« Avoir un travail, c’est exister ! »
Et ça marche. « La présence de réfugiés peut se traduire en avantage », explique Laura Buffoni, coordinatrice au UNHCR. « En attirant plus d’investissements étrangers et en favorisant le développement industriel, l’offre d’emploi peut s’accroître au profit tant des Jordaniens que des Syriens. C’est un modèle qui pourrait fonctionner dans beaucoup d’autres pays accueillant des réfugiés », poursuit-elle. A ce jour, le UNHCR a émis un total de 40500 permis de travail aux réfugiés syriens. Mais tout n’est pas rose pour autant : des milliers de demandeurs d’asile forment la partie immergée de l’iceberg économique. L’agence onusienne estime à plus de 21,3 millions le nombre de réfugiés recensés dans le monde et dupliquer le modèle jordanien au niveau mondial représente une autre paire de manches. Et pourtant, malgré son ampleur, le défi est à relever. Noureddine Al Alaiwi ne dira pas le contraire. Ce réfugié syrien, qui travaille depuis quelques mois dans une usine de plastiques, assure que le fait d’avoir une activité professionnelle a transformé sa vie et celle de sa famille. « Pour moi, avoir un travail, c’est exister ! Cela signifie que je suis capable d’être autonome et pour ma famille, que je pourrai leur donner tout ce qui leur a été arraché depuis que nous sommes devenus des réfugiés, comme l’hygiène, la scolarité et un toit », témoigne-t-il. Et le UNHCR de rappeler que cette main-d’oeuvre syrienne est généralement très bien qualifiée, un autre atout pour des pays qui gagneraient à suivre l’exemple jordanien.