C’était en avril dernier. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane débutait une visite officielle en France. Les ONG dénonçaient alors le rôle du royaume wahhabite dans la tragédie qui se joue en ce moment au Yémen. Le 9 avril, le représentant du Legal center for rights and development, une association yéménite de défense des droits humains, avait déposé une plainte contre MBS pour « complicité de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. » Mohamed Husein Taha ne savait alors pas si cette plainte allait pouvoir être instruite.
Selon L’Express, ce sera bien le cas. Le doyen des juges d’instruction, Renaud Van Ruymbeke, a en effet accepté la plainte du responsable associatif et un magistrat devrait donc bientôt être désigné par le président du tribunal de grande instance de Paris pour ouvrir une information judiciaire, nous apprend l’hebdomadaire qui indique qu’un service de police ou de gendarmerie sera également saisi afin d’enquêter. C’est en temps que ministre saoudien de la Défense que Mohammed ben Salmane est visé dans cette plainte. L’association yéménite reproche notamment à MBS d’avoir ordonné plusieurs attaques en violation avec le droit international.
Et les avocats de Mohamed Husein Taha ne manquent pas d’exemples. Parmi ceux-ci, ils citent la destruction d’un entrepôt de fournitures humanitaires d’Oxfam en 2015, un bombardement la même année contre un mariage qui avait fait de nombreux morts ou encore le raid effectué contre un hôpital de Médecins sans frontières. Le dépositaire de la plainte dénonce des violations de la Convention des Nations unies contre la torture de 1984 et l’utilisation par la coalition d’armes à sous-munitions, ainsi que le blocus humanitaire imposé au Yémen.
Au moment où le royaume wahhabite est dans l’œil du cyclone, cette plainte prend une dimension toute particulière. « Nous espérons que la France se saisira de cette opportunité pour faire prévaloir les droits humains sur les intérêts économiques des industriels de l’armement », indique l’un des deux avocats. La responsabilité de la France dans le conflit yéménite se pose de plus en plus, les autorités françaises vendant des armes à l’Arabie saoudite.