Le ministre des Affaires étrangères du Qatar, le cheikh Mohammed Bin Abdulrahman al-Thani, est arrivé ce lundi matin au Koweït, répondant à l’appel de cet émirat voisin qui s’est improvisé médiateur de la crise qui secoue depuis début juin la région du Golfe. Al-Thani est censé remettre à son hôte – qui avait négocié une prolongation de 48 heures – la réponse de Doha à l’ultimatum imposé par quatre des pays ayant accusé le Qatar de soutien au terrorisme. Emmenés par l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis (EAU), le Bahreïn et l’Egypte avaient remis, le 22 juin dernier, une liste de conditions à remplir au (et par) le Qatar pour mettre fin au boycott destiné à le sanctionner pour ses activités de soutien au terrorisme et d’ingérence dans leurs affaires internes, tel qu’insinué par cette mini-coalition arabe. Des accusations et des conditions que Doha a rejetées avec véhémence et pour cause : les exigences auxquelles il est censé satisfaire vont de la fermeture pure et simple de la très influente chaîne d’informations Al Jazeera à la limitation des relations diplomatiques et commerciales avec l’Iran – ennemi juré des Saoud -, en passant par la cessation des travaux de construction d’une base militaire turque – autre rival régional du royaume wahhabite – sur son territoire. Ces prérequis, qui portent directement atteinte à l’intégrité et à l’indépendance du Qatar, devaient de surcroît être satisfaits dans les dix jours suivants leur présentation.
Trump « préoccupé » (sic) par les proportions prises par le conflit
Or, le délai est parvenu à échéance à minuit ce matin. En dépit des protestations légitimes du Qatar qui a réitéré que de telles conditions étaient inacceptables car elles se traduiraient par un renoncement à sa souveraineté, les diplomates n’ont cessé de s’activer en coulisses depuis l’éclatement de la crise. La prorogation de 48 heures obtenue par le Koweït ne fait donc que retarder une échéance sans issue. Le président américain Donald Trump, l’un des protagonistes ayant indirectement contribué à ce QatarBan, s’est entretenu ce matin par téléphone avec ses homologues saoudien, émirati et… qatari, pour leur faire part de « sa préoccupation pour le conflit actuel ». Il a notamment réitéré « l’importance de mettre un frein au financement du terrorisme et de discréditer l’idéologie extrémiste », tout en rappelant que « l’unité de la région est cruciale pour atteindre les objectifs fixés lors du sommet de Riyad pour vaincre le terrorisme et promouvoir la stabilité régionale », selon le communiqué officiel de la Maison Blanche, publié il y a peu. Vous avez dit paradoxal ?