Le pape François, dans un entretien fleuve donné à La Croix, donne sa vision de la laïcité et estime que la France n’est pas en phase avec l’héritage des Lumières.
« Un Etat doit être laïque. Les Etats confessionnels finissent mal. » Dans un entretien au quotidien La Croix, le pape revient sur de nombreux sujets, parmi lesquels la laïcité et l’Islam. Le pape François va dans le sens de la loi de 1905 en France : « Je crois qu’une laïcité accompagnée d’une solide loi garantissant la liberté religieuse offre un cadre pour aller de l’avant », dit-il, ajoutant que, « si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire. De même, si un catholique veut porter une croix. On doit pouvoir professer sa foi non pas à côté mais au sein de la culture. »
« Je crains que cette approche ne demeure encore »
Le souverain pontife n’hésite pas à fustiger, une nouvelle fois, l’attitude française : « La petite critique que j’adresserais à la France à cet égard est d’exagérer la laïcité », explique-t-il. Pour le pape, cette exagération « provient d’une manière de considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière. » Et François de craindre le pire : « Je crains que cette approche, qui se comprend par l’héritage des Lumières, ne demeure encore. »
Le recteur de la mosquée de Bordeaux, toujours dans La Croix, a réagi aux propos du pape. Pour Tareq Oubrou, « si l’islam et le christianisme ont en commun d’être des religions universalistes, comme le pape le rappelle, communiquer sa foi ne signifie pas – ne devrait pas signifier – l’imposer. » Le recteur rappelle que « des principes théologiques à l’histoire, les écarts ont souvent été importants. Et nos représentations de l’islam relèvent plus souvent de l’histoire ou de l’anthropologie que de la religion elle-même. Un vrai travail de discernement s’impose. »