vendredi 22 novembre 2024
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Les rois de l’Islam en Afrique (1/3) : Macky Sall et « l’Islam du juste milieu »

Depuis plusieurs mois, le président sénégalais Macky Sall semble vouloir poser son empreinte sur l’Islam en Afrique francophone. Que ce soit spirituellement ou économiquement. La preuve avec l’organisation du premier Forum africain du business halal il y a quelques jours. Parmi les parrains de cet événement, Iyaad Ameen Madani, secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Mohamed Ahmed Ali, président de la Banque islamique de développement (BID), et… Macky Sall, donc. Si ce dernier dirige un pays qui tolère toutes les religions, il n’a jamais caché sa foi en l’Islam, dans un Sénégal où 94 % de la population est musulmane. Mais Macky Sall veut étendre son influence au-delà des frontières de son pays…

L’Islam « ne veut ni de la violence ni de l’extrémisme »

Mais étonnamment, Macky Sall s’est emparé du sujet de la religion plutôt tardivement. Pourquoi ? Le Sénégal n’avait plus la même aura. Lors de son arrivée dans le fauteuil de président il y a trois ans, il avait chargé Alioune Badara Cissé, son ministre des Affaires étrangères, de renouer les alliances traditionnelles, notamment celle avec le Maroc, pour redonner au Sénégal un poids diplomatique important en Afrique. Le Maroc, justement… L’été dernier, le président sénégalais parrainait, avec Mohammed VI et Muhammadu Buhari, le président du Nigeria, une conférence internationale sur le thème « Islam et Paix. » Comme si les trois chefs d’Etat avaient décidé de se partager leurs zones d’influence : l’Islam dans le Maghreb pour le roi marocain, l’Islam en Afrique anglophone pour le président nigérian et l’Islam en Afrique francophone pour le dirigeant sénégalais.

Macky Sall, le président du Sénégal

Son leitmotiv, à Macky Sall, c’est « l’Islam du juste milieu », cet Islam « qui ne veut ni de la violence ni de l’extrémisme. » La violence, le président sénégalais la condamne à presque chacune des ses interventions sur la religion musulmane. Avec, en ligne de mire, toujours les mêmes Aqmi, Boko Haram ou Daesh. Sans jamais les citer.« Il ne sert à rien d’adopter une attitude de peur devant ces terroristes. Il faut les combattre et refuser tout dialogue avec eux. Ces gens véhiculent une mauvaise image de l’Islam et ne vivent que de la drogue et des rançons demandées lors des prises d’otage », expliquait-il en juillet dernier. Et « personne ne doit saper ou détruire ces fondements tracés par ces guides religieux modèles pour faire émerger le radicalisme religieux et la violence », ajoutait-il à la veille du dernier Mawlid.

Macky Sall ne veut surtout pas du wahhabisme

Mais dans les discours de Macky Sall, il n’est pas seulement question d’idéologie extrémiste. Pour le dirigeant sénégalais, « œuvrer pour la paix et la stabilité du monde musulman, c’est éduquer et former nos jeunes, pour les soustraire à la marginalisation sociale et à l’endoctrinement qui font le lit de tous les extrémismes. » Le chef de l’Etat l’assure : le Sénégal ne peut être envahi par une idéologie wahhabite. « Nous ne pouvons accepter que des modèles qui viennent de je ne sais où soient imposés en Afrique simplement parce que les Africains sont pauvres, qu’il faut financer des mosquées, des écoles », affirme-t-il, plaçant souvent Islam et développement économique au centre de ses discours. De quoi faire de Macky Sall l’un des garde-fous d’Afrique francophone et un interlocuteur privilégié de l’Europe dans sa lutte contre le terrorisme.

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